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Au festival de Théâtre de Tourtour, Franck Le Royer nous déclame "l’éloge de la fatigue"....

 Au festival de Théâtre de Tourtour, 

 Franck Le Royer nous déclame "l’éloge de la fatigue"....

Franck Le Royer est un jeune auteur-compositeur-interprète qui vit à Flayosc et qui est venu animer (de 2017 à 2019) les trois soirées de la Soupe au Pistou (repas organisé par la Boule Tourtouraine, désormais chaque 15 août). Ces soirs-là, il chante de la variété française qui plaît à notre public : il circule dans les travées, il prend note des demandes de ceux qui veulent une chanson et il revient ensuite au micro, avec une liste d’une trentaine de morceaux à interpréter....Et c’est chaque fois un franc et vrai succès !

Au mois d’août de cette année 2019, il est également venu sur la place des Ormeaux pour un "apéro musical", un dimanche à midi...Mais ce n’était pas la dernière apparition de Franck à Tourtour... En effet, la troisième fois, c’est au Théâtre de Verdure qu’il s’est produit : le dimanche soir du second week-end, vers 19h30... Il était installé en face de la caisse-buvette-restauration et les spectateurs l’écoutaient chanter plusieurs chansons de son répertoire personnel... Vers la fin de son récital, il nous a demandé l’autorisation de lui laisser déclamer un poème en alexandrins de Robert Lamoureux : un beau moment de poésie, d’émotion, de partage... Tout le monde "badait"...

Voici ce texte magnifique : j’ai demandé à Franck de bien vouloir le réciter (avant le dessert !) pour la Soupe au Pistou de l’an prochain...

 " Eloge de la fatigue "

Vous me dites, Monsieur, que j’ai mauvaise mine,
Qu’avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l’on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.

Oui je suis fatigué, Monsieur, mais je m’en flatte.
J’ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m’endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m’en soucie pas.
Ou quand je m’en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n’est qu’une vantardise.
On n’est jamais aussi fatigué qu’on le croit !
Et quand cela serait, n’en a-t-on pas le droit ?

Je ne vous parle pas des tristes lassitudes,
Qu’on a lorsque le corps harassé d’habitude,
N’a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu’on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu’on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l’oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l’aspect d’un vivant moribond...

Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s’est fait responsable,
Savoir qu’on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu’on est l’outil, qu’on est le lendemain,
Savoir qu’on est le chef, savoir qu’on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s’en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c’est du bonheur.

Et sûr qu’à chaque pas, à chaque assaut qu’on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu’on est le port et la route et le gué,
Où prendrait-on le droit d’être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquent chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d’autres creux il passe inaperçu.

La fatigue, Monsieur, c’est un prix toujours juste,
C’est le prix d’une journée d’efforts et de lutte.
C’est le prix d’un labeur, d’un mur ou d’un exploit,
Non pas le prix qu’on paie, mais celui qu’on reçoit.
C’est le prix d’un travail, d’une journée remplie,
C’est la preuve, Monsieur, qu’on vit avec la vie.

Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J’écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.

Et vous me conseillez d’aller me reposer !
Mais si j’acceptais là, ce que vous proposez,
Si je m’abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.

Robert Lamoureux

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Je languis déjà d’être au prochain soir du 15 août !!....

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Mis à jour le jeudi 31 août 2023