Accueil > Vie du village > 11 . L’ Ecole . > L’école à Tourtour au début du XXème siècle. > Les écoliers et leurs outils. > L’écolier tourtourain dans les années 1930
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| mercredi 5 novembre 2008 | Mis à jour le vendredi 26 novembre 2010
Les écoliers tourtourains au siècle dernier.
A Tourtour, les écoliers du début du siècle utilisaient bien sûr les mêmes outils que partout ailleurs. Il est vrai que pour les vendanges, les moissons ou les olives, ils s’en servaient un peu moins et la fréquentation scolaire n’était pas aussi régulière qu’en ville. Dans les familles paysannes, il fallait absolument aider aux travaux des champs et l’école passait après les nécessités de la condition rurale.
Précision : au siècle dernier, c’est au début du XXème siècle, donc dans les années 1910 à 1930...
Grâce aux archives conservées par Yvette Giraud (30 ans maîtresse d’école à Tourtour) et par son fils Michel, nous avons pu retrouver des petites annotations et observations sur quelques élèves de l’époque.....
Le protège-cahier est souvent en papier cartonné et presque toujours publicitaire (ici les piles Wonder...qui ne s’usent que si l’on s’en sert).
On a pu lire que Marius Tholozan faisait la collection de tous les protège-cahiers qui parlaient de cuisines et de recettes : à 7 ans, il savait déjà qu’il ferait les beaux jours d’une auberge !
Les buvards sont très utiles pour éviter les foudres du maître qui ne supportait pas les taches d’encre violette.
Les bureaux des écoliers étaient en bois, tout en bois. A la fin de l’année, les élèves devaient les nettoyer, les gratter, les poncer, les cirer et les lustrer (pour faire briller).
On a pu lire que Joseph Olivéro était le plus habile des frotteurs de cire !
Les petits encriers, en porcelaine ou en verre. Les bureaux des écoliers étaient en bois et sur le plateau (à droite), un trou recevait l’encrier : chaque matin, la cérémonie du remplissage des encriers dans les rangées était un moment solennel pris avec sérieux et respect. Dans les petites classes, le maître effectuait ce rite quotidien mais pour les grands élèves, la tache pouvait être confiée à des enfants méritants, soigneux et dignes de confiance. En effet, remplir les encriers était considéré comme une haute récompense du maître et la fierté des élèves était à la hauteur de la mission demandée.
Très studieuse et très appliquée Rose Henry était souvent choisie pour s’occuper de l’encre !
La bouteille d’encre : le petit bec verseur permettait un remplissage précis. L’encre était violette pour l’écriture. Au fil des années, l’encre se déposait et s’imprégnait dans le verre ; les parois de la bouteille gardaient l’empreinte de l’encre.
la trousse est en cuir : elle est très pratique car les petits anneaux servent à tenir crayons, gommes, porte-plumes. Très fréquemment, un écolier gardait sa trousse durant toute sa scolarité, du Cours Préparatoire à la Classe de Fin d’Etudes (comme le CM2).
Une exception, le petit Raoul Meiffret (lou pitchoun Doudou) qui avait du mal à supporter le cuir et qui mettait ses outils dans le carnier...
Les ardoises :
Nous utilisons encore de nos jours les fameuses ardoises mais nous ne savons peut-être pas comment on s’en servait autrefois.
Le mot "Ardoise" vient du nom de la pierre de la famille des shistes : de nombreuses carrières se trouvent en Bretagne et dans les Ardennes. Avec cette pierre, on réalise des toitures (les plaques servent de tuiles) mais également les ardoises qui sont utilisées dans les écoles. Elles sont alors encadrées par des baguettes de bois : elles sont fragiles et les enfants devaient les manipuler avec précaution. Pour écrire, on prenait des bâtons de craie blanche ou un crayon d’ardoise.
Aujourd’hui, on utilise des plaques cartonnées qui ne sont donc plus en pierre mais on a gardé le nom ardoise. On se sert aussi d’ardoises en revêtement pastifié qui permet une écriture avec des feutres effaçables ( Velleda pourra faire partie de nos sponsors pour les concours de boules..).
Les plumiers ; on pouvait ranger ses porte-plumes et ses plumes.
Les plumes les plus célèbres (et les plus utilisées étaient de la marque "Sergent Major" : sur la boîte, des images représentaient les batailles de Napoléon.
Les plumes avaient des pointes différentes suivant l’utilisation : pour l’écriture sur le cahier du jour, l’élève prenait la Sergent Major (voir ci-dessus la plume grise). Pour le dessin, les cartes de géographie on se servait de plumes qui avaient une pointe plus large. Les règles de l’écriture "en attaché étaient dictées par le principe du "plein et du délié" .
Mà quès acquo ??? (question posée par Marcel Pagnol à son père dans le livre Manon des sources...).Quand la plume monte, elle caresse la page, elle frôle le papier, elle écrit une ligne fine, c’est le délié. Quand la plume redescend, la main appuie un peu plus fort, les 2 parties de la pointe s’écartent, le trait est plus épais, l’encre est plus largement étalée,c’est le plein.
La difficulté pour les écoliers était le contrôle minutieux de ces deux gestes : il fallait épaissir le trait mais pas trop, sinon on faisait une tache et la punition était pratiquement assurée. Il fallait appuyer mais faire attention de ne pas briser la pointe de la Sergent Major, il fallait tremper son porte-plume dans l’encrier mais bien se garder de prendre trop d’encre sous peine de bavures. (dans les commissariats de banlieue, il utilisent quelquefois encore le porte-plume...).
Pour l’écriture, Odette Mandin était la reine ! Elle s’entraînait sur des cahiers de compte et elle n’a donc eu aucun mal ensuite à s’occuper des registres de l’épicerie.
Le maître d’école portait une blouse presque toujours grise ( la même pour toutes les écoles de villages ou de villes). c’était l’uniforme de l’instituteur, la soutane du maître d’école...
Les enfants, suivant les régions, portaient aussi la blouse.
Le tableau est en véritable pierre d’ardoise avec un cadre en bois. Un tableau est fixé au mur, derrière le bureau du maître et un autre plus petit est posé sur un chevalet : il peut être bougé dans la classe.(pour les leçons de morale ou d’histoire-géo).
La férule : au tableau, le maître montre une carte de France et il tient une règle en bois (et parfois en fer) . C’est la férule qui avait aussi une utilisation précise : la punition des genoux sur la règle. Tout simple : pour calmer les ardeurs de certains bambins, le maître posait la règle par terre et l’enfant devait mettre l’arrondi des genoux dessus, en se tenant les bras en croix (ce qui devait correspondre sans doute à un exercice conseillé aussi par les autorités religieuses..). Au bout de 3 ou 4 minutes, le fourmillement se faisait sentir, puis l’engourdissement arrivait et........ensuite...c’était........l’anesthésie ou la paralysie....Horrible. !
D’après les archives le plus turbulent était Jules Troin ! On ne lui en a pas trop voulu car ensuite, il a été élu maire du village... D’ailleurs, l’histoire s’est réécrite cette année : Pierre Jugy ne faisait pas partie de la bande des contemplateurs mais plutôt du clan des "destrussi" quand il était à l’école primaire. Quand il faisait les 397 coups, on disait de lui "c’est un Joly" : nous n’avons pas tous les éléments d’explication sur cette expression mais nous cherchons...
le bonnet d’âne : le sommet des punitions, la pire des humiliations, la honte énorme, l’angoisse.... La pédagogie de l’époque ne jouait pas toujours dans la dentelle et les châtiments corporels (les coups) étaient fréquents. Les instituteurs avaient toute la confiance des parents et ils n
e se gênaient pas pour punir avec sadisme et cruauté : si un enfant racontait à la maison que le maître l’avait frappé, le père poursuivait la punition par d’autres coups pour bien souligner son accord avec l’Ecole Communale... Le bonnet d’âne était posé sur la tête des mauvais écoliers, des cancres : on l’utilisait pour que tout le monde soit au courant des mauvais résultats. On le portait à l’école mais si l’enfant devenait un peu trop habitué de la punition on le forçait à porter le bonnet dans la rue pour une semaine.
Bien sûr, cinq prénoms sont la cible privilégiée des archives mais nous n’allons pas encore une fois les martyriser ! Ils sont pardonnés par St Denis !
Les galoches : pour venir à l’école, les écoliers portaient des galoches (des sabots) : ces "chaussures" en bois étaient très lourdes.
Les enfants venaient parfois de loin pour arriver à l’école : de Camp Fournier, de Burges, des Mandins... La municipalité de l’époque avait des moyens financiers limités et ne pouvait pas organiser un ramassage scolaire dans ces coins reculés et certains écoliers faisaient donc plusieurs kilomètres à pied. De nos jours, les gamins sont accompagnés de la place du village jusqu’à l’école afin de sécuriser totalement les familles qui craignaient de nouvelles attaques des Sarrasins.
Les "bons points" : la récompense (dans les petites classes) était un bon point quand le travail était juste, quand la leçon était apprise ou quand l’élève avait été très gentil. Le bon point était en papier légèrement cartonné et parfois il était illustré par un dessin : rarement, il pouvait s’agir d’un tampon où l’enseignant signait avec le port-plume.
(Certaines classes utilisent encore les bons points, dans certaines écoles : elles nous expliqueront, avec des arguments très élaborés, que cette méthode favorise l’émulation et la compétition. Nous espérons que ces maîtres de la pédagogie nous excuseront de ne pas faire partie de leur Amicale des Pédago).
Les témoignages de satisfaction :
Pour les plus grandes classes, en fin de trimestre, les enfants "méritants" étaient récompensés par un "témoignage de satisfaction", un billet signé par la maîtresse et le directeur. On inscrivait sur ce papier la matière concernée : histoire, lecture, sciences ou bonne conduite. Bien sûr, un élève pouvait recevoir plusieurs récompenses s’il faisait preuve de travail, de sérieux, d’application et de discipline.
Evidemment, si des anciens ont conservé ce genre de reliques, nous serons heureux de les publier sur le site.
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