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La bastide et la source des Moulières, à Tourtour .

 La bastide et la source des Moulières, à Tourtour .

Lors du dernier conseil municipal (le vendredi 12 novembre) un point de l’ordre du jour a abordé la question de l’éventuelle cession du terrain situé autour de la source des Moulières : ce terrain de 7 500 m2 fait partie du lot de 150 hectares acheté par la Mairie et une proposition (on ne sait pas de qui ..., pour l’instant ) a été faite pour l’achat de la parcelle autour de la source sur la base de 150 000 € . Cette éventualité de vente de la zone des Moulières semble quelque peu curieuse et bien floue : sans doute pourrons-nous disposer de renseignements supplémentaires mais la vigilance reste de mise ...
Certains bruits avaient colporté l’hypothèse que l’artiste Alain Vagh était sur les rangs (puisque son cabanon de luxe est à quelques centaines de mètres de la source...) mais rien ne permet d’accréditer (pour l’instant...) cette idée . En tout cas, de nombreux tourtourains ont déjà rencontré le maire pour lui souligner la nécessité de conserver impérativement ce terrain qui avait été acheté pour créer une zone d’activités de loisirs (le panneau d’information est toujours en place, juste avant les peupliers du Pré-Puget). Après le cadeau offert au promoteur de France Confort (avec la cession "généreuse" du terrain communal de Beauvezet), il deviendrait irresponsable et largement suspect que le site des Moulières soit encore une fois sacrifié sur l’autel des profits de privilégiés pourtant déjà bien nantis ...

Les Moulières sont écrites dans certains textes avec une orthographe différente et l’on peut donc trouver les Molières (ou avec 2 l) ou les Meulières qui sont (éthymologiquement) des zones où l’on trouve des terres servant de gisements de pierres tendres à aiguiser (pierres à meuler, pour les faux par exemple ).

Le quartier des Moulières se situe juste à côté de la zone du Pré-Puget, à droite de la campagne autrefois entretenue par Rose et Marius. Quand on se trouve à la source des Moulières (et donc dans les ruines de l’ancienne bastide), on a un très joli paysage sauvage de pierres, rochers, pins, chênes, génevriers, peupliers et toutes nos fameuses messugues ...

La source naturelle des Moulières : (la photo ci-dessous a été prise cet été 2010 et l’on peut constater que le débit est important malgré les fortes chaleurs (et la sécheresse qui touche certains villages de la région). Les chasseurs et les promeneurs savent que d’autres sources sont présentes sur ce territoire : elles sont toutes alimentées par des petits torrents et ruisseaux venus des crêtes des Infirmières, de l’Aigle Blanche et de Claret et ayant constitué de nombreux bassins . L’eau qui ruisselle au niveau de la bastide poursuit sa course en direction des peupliers qui longent l’ancienne route d’Aups. 
Les nombreuses sources font le bonheur des oiseaux, en particulier les grives : deux chasseurs de cha-cha et de siffleuses, les spécialistes Gaby et Loulou ont construit leurs postes d’observation . (ils sont donc les premiers opposants déclarés à une vente du terrain et ils prévoient de créer une association, l’ADCGM (association de défense des chasseurs de grives des Moulières)...

Ci-dessous, le réservoir et la bouche de la source des Moulières :

Quel joli coin de campagne, quel agréable cadre champêtre, quel havre de paix ! Partir le matin pour aller vers cette source, prendre son panier repas et goûter le calme de cette terre sacrée : le pique-nique devient un repas divin et l’eau des Moulières a bien sûr meilleur goût dans le verre que l’on remplit directement à la source .

  

Guy Désirat, dans son ouvrage qui fait référence ( " Tourtour, monographie et vie quotidienne " ) souligne l’intérêt architectural de cette bastide mais il déplore que des travaux de restauration n’aient jamais été entrepris . Et pourquoi pas poursuivre son idée ? Pourquoi ne pas relancer l’idée d’une prise en compte globale de ce magnifique site et d’un projet culturel d’envergure puisque la mairie est dorénavant propriétaire des lieux ? 
Dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine et de la restauration architecturale, Tourtour compte un spécialiste, Mr René Dinkel, reconnu par toutes les autorités culturelles qui tournent autour des questions de patrimoine .
Notre site avait présenté cet éminent spécialiste dans le chapitre "patrimoine local" dans la section "le village, les rues, le patrimoine, restauration" (article n°183) : vous pouvez accéder à l’article en cliquant sur le lien suivant :
tourtour.village.free.fr/ecrire/

La mairie avait contacté Mr Dinkel lors de la visite du commissaire-enquêteur lors de l’enquête publique sur le lotissement Beauvezet : René Dinkel avait alors écrit sur le registre ouvert au public et il avait souligné que le lotissement ne présentait pas de problèmes particuliers pour le patrimoine culturel et architectural de notre village Cette idée a été largement soumise à polémique et de nombreux tourtourains sont légèrement à côté de la démarche "dinkélienne" et opposés à une théorie laxiste ... Toujours est-il que notre équipe municipale serait bien inspirée de reprendre contact avec Mr Dinkel pour une étude approfondie du dossier de rénovation de la source des Moulières et de la Bastide contigüe . 

 Il est bien évident qu’un projet de rénovation et de restauration du site des Moulières réclame des moyens importants mais cela n’est pas le signe d’une impossibilité : bien sûr, la commune ne peut supporter à elle seule, les frais qui seraient engagés mais de nombreux partenaires peuvent être également associés à la démarche : des structures institutionnelles (Conseil Général, la CAD, Conseil Régional, Ministère de la Culture, Direction Régionale de l’Action Culturelle -la DRAC-, Commission Culturelle Européenne..) mais aussi des mécènes régionaux (Banques, Assurances, Grosses entreprises, viticulteurs de renom -Thuerry, Roubine, Berne..-), tous portés par un projet commun dynamique qui aurait des retombées touristiques favorables.

Notre village doit se donner une image positive et innovante dans la sauvegarde du patrimoine rural et historique : de plus en plus, les visiteurs et les touristes recherchent un contenu culturel pour leurs vacances et leurs séjours . Ils ne pourront plus (et ne voudront plus) se contenter de se déplacer (et séjourner) vers une commune qui ne leur garantit que des galeries de peinture qu’ils voient à chaque carrefour de tous les villages aux alentours : on peut faire la grimace, tordre le nez, cligner des yeux, taper des pieds... n’empêche que le tourisme change et que nous devons nous inclure dans un renouveau des " pratiques commerciales " envers les touristes . Si nous voulons que notre village puisse être attractif, il faut que les centres d’intérêts culturels diversifiés des visiteurs soient grandement satisfaits (histoire, patrimoine, authenticité, art, développement durable, traditions..). Tout simplement, faire en sorte que les touristes puissent constater "de visu" que le village s’est "mis en quatre" pour leur offrir un plateau de qualité et non pas leur filer une pauvre pitance dans une écuelle trouée, dans le seul espoir d’un profit purement estival (chaque année reconduit sans vergogne et sans réflexion sur l’avenir..).

Regardons la photo ci-dessus : dans une partie de la bastide en ruine, s’agit-il d’un four à pain, d’un four à chaux ou à farine ? Une étude précise permettrait d’y répondre et quelques travaux faciliteraient la visite et la découverte par les visiteurs et les touristes .

Ci-dessus, sur le côté nord de la ruine, un mur en pierres sèches qui mériterait une attention particulière... 
Et sur la photo ci-dessous, nous voyons un petit "cabanon" côté est, juste avant le mur principal de la bastide : était-ce un garde-manger, une cave, ou un cochonnier, un poulailler ?

Cette bastide des Moulières est-elle ancienne ? Penchons-nous un peu sur l’histoire de cette imposante bâtisse ...

Les premières traces que l’on retrouve (archives départementales et liens internet) font état de propriétaires dès l’année 1580 : Antoine Geoffroy est le résident habituel associé au notaire Jacques Martin. Dix ans plus tard, les propriétaires du terrain des Moulières (la superficie était de 25 hectares environ) se répartissaient entre Mrs Ferrier, Escarelle, Jourdan, Séranon et Maître Marty (ce qui montre que les notaires étaient souvent dans les bons papiers...). Dans les années 1615 c’est Mme Marguerite Pétrunoles qui est notée sur les registres avec des prés appartenant à Antoine Escarelle et Antoine Emerat : à noter que l’on ne sait pas si les Escarelle étaient de la famille d’Albert (qui donnera son nom à la Bastide offerte à la commune, sur la route d’Ampus, au-dessus du rond-point de Sainte Anne).
En 1680, les archives ne désignent qu’un seul propriétaire, Mr de Chateauredon et les terres sont pratiquement réservées à la culture du blé. C’est ensuite, dès 1717, Mr Broulhony qui est noté propriétaire de la bastide, de la bergerie, des prés et des terres (cultivées ou non) : ce notable est le viguier d’Aups, c’est à dire un juge
 qui, en Provence, remplissait les mêmes fonctions que les prévôts royaux dans les autres provinces de France. ...(et n’oublions pas que près des Moulières passait la route d’Aups). Quelques années plus tard, en 1723, Jacques Sisteron a acheté quelques terres et a alors planté des vignes, des oliviers et des arbres fruitiers : cela tend à démontrer que le terrain des Moulières bénéficiait de bonnes conditions d’agriculture.
Les cessions se poursuivent : en 1736, les terres appartiennent à Barthélémy Bernard qui va (avec ses fils) cultiver des vignes, des pommiers et poiriers durant plusieurs décennies .En 1792, les propriétaires sont nombreux à s’être partagés le domaine terrien : Marguerite Bernard, Catherine Simian, Joseph Vachier et son frère François, Jacques Dauphin et François Troubat. : à ce moment-là, les terres ne sont pratiquement plus exploitées sauf quelques vignes .
Au début du XIXème siècle, le terrain des Moulières n’est plus inscrit sous ce nom sur le cadastre mais il est compris dans le terrain défini "Grand Défens" : dans les textes la bastide proprement dite est notée à 220 m2 (ce qui donne une idée de la taille de la bâtisse, puisque la bergerie était attenante avec en plus un enclos de berger .
La source est située au sud de la bastide, à environ dix mètres du mur principal : le cadre est très champêtre et on imagine que quelques menus travaux donneraient à ce lieu encore un peu plus de charme . 

Dans le périmètre immédiat de l’ancienne bastide, on trouve plusieurs autres petites sources mais dont le débit est plus mince (un petit filet d’eau).

Cette zone des Moulières est un coin splendide et tous les promeneurs connaissent bien la joie de fréquenter ce cadre magnifique : il serait donc véritablement dommage que la décision de vente soit prise par la mairie . Il faut espérer que cette éventualité soit définitivement (et rapidement) écartée et que l’équipe municipale prenne en compte la beauté de ce site et les énormes potentialités qu’elle peut en tirer pour le bien des habitants et des structures commerciales de la commune. 
Soyons donc vigilants dans les mois à venir pour que l’on ne découvre pas trop tard que ce petit paradis a été cédé et bradé : ce terrain est un élément primordial du patrimoine du village et il faut le préserver de toutes les attaques sournoises possibles dont sont capables quelques "spécialistes immobiliers", personnages louches que notre commune à déjà vus sévir sur ses terres (et qui ne donnent pas l’impression d’avoir renoncé ...).

3 Messages

  • Les Moulières , par Goure
    Le 20 janvier 2011 à 21:33

    J’espère bien que ces hectares plus la source, plus le bâtiment à restaurer resteront possession de la commune de Tourtour.
    Pour la petite histoire , Ampus a aussi un domaine (privé) appelé les Moulières , à mi-chemin entre Draguignan et Ampus.

    J’ai fait ma carrière de professeur à Roche-la-Molière (venant de meulière, roche meulière). Quand j’ai débuté j’avais bon nombre de fils de mineurs et beaucoup étaient d’origine polonaise.

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  • Site des moulières-informations complémentaires , par Jean Lainé
    Le 24 janvier 2011 à 10:47

    Dans les années 80-90, le site des moulières avait été acheté, par Madame Grüner, propriétaire du domaine des Treilles. Différents aménagements ont été réalisés : creusement d’un étang et différents ouvrages, dont on retrouve encore quelques vestiges, pour canalyser l’eau. La réhabilitation de la Bastide étaient envisagée. Malheureusement , après le décès de madame Grüner, sa fille, qui avait hérité de cette proprièté, a engagé des démarches pour obtenir les autorisations administratives, devant permettre la réalisation du projet. La DDE, s’y est opposé . À la suite de ce blocage l’ensemble de la propriété a été mise en vente, et achetée par un aristocrate Belge, disposant d’une résidence à AUPS.
    En 1982 la Propriété a de nouveau été mise en vente. Un promoteur immobilier de la Côte, s’intéressait particulièrement à l’acquisition. La Mairie a alors entrepris les démarches pour pouvoir acheter l’ensemble. Voir ci-après extrait du " troumpetoun" de juin 2003 :

    "ACQUISITIONS FONCIÈRES :
    L’acte notarié pour l’acquisition de la propriété des Moulières (156 Ha), a été signé au début de l’année. le coût total de cette acquisition s’est élevé à 503 081 €. Le Conseil général a attribué une subvention de 426 900 €, représentant 85% du montant. Le solde a fait l’objet d’un emprunt à taux bonifié, sur une durée de 15 ans.
    La création sur cette propriété, d’équipements de t ourisme et de loisirs est en cours d’études avec l’aide du Conseil Général. Rien ne pourra être réalisé sur le site tant que le Tribunal Administratif de Nice ne se sera pas prononcé sur la requête en annulation de la délibération du Conseil Municipal relative au droit de préemption, déposée par le promoteur immobilier quiu s’était porté acquéreur. "

    Peu après cette acquisition la Mairie a également acheté les terrains mis en vente par l’ARC, ( qui en avait reçu donation de Madame Verdaine). Dans le lot figuraient :

    - le Terrain des Sausses (1,6 Ha),sur lequel était prévu la réalisation d’une maison de retraite. étude réalisée, par le CAUE du Var ( disponible à la Mairie),
    - Deux parcelles aux Moulères, complétant la zône constructible de la propriété.
    - un terrain ( 5000m2), situé en face du stade en bordure du chemin de Chavardet ( en vue de l’aménagement éventul d’un parking)
    L’ensemble de cette acquisition a coûté 216 652 € financés à 80‰ par le Conseil Général .

    Lors de l’avant dernier Conseil Municipal le Maire a proposé de mettre en vente la partie constuctible de la propriété des Moulières,, sur laquelle existe une bastide , partiellemement réhabilitée, à l’époque où Madame Grüner était propriétaire.
    Il serait dommage de priver la commune de ce bien sur lequel pourraient être réalisés des équipements collectifs.( gîte de vacances communaux ) !

  • Le domaine des Moulières ... , par Gilbert Giraud
    Le 24 janvier 2011 à 13:17

    Voilà comment pourrait tourner le site internet : avec une interaction réelle (et fréquente) entre ceux qui écrivent et ceux qui lisent . Souvent les commentaires des lecteurs seraient alors des éléments supplémentaires d’informations et complèteraient efficacement le contenu de certains articles grâce aux compétences de chacun ! L’exemple de Jean Lainé (qui a effectué 2 mandats comme maire et qui siège encore -heureusement-au conseil municipal -NDLR-) est très clair pour illustrer le propos : hélas, dans la mesure où quelques "vannes" sont parfois envoyées aux élus, le réflexe du silence assourdissant (autrement dit l’omerta due à la peur des supposées conséquences) est le plus fort...Rendez-vous compte, " si jamais « on » sait que j’ai écrit sur le site de Giraud (le lyonnais !), qu’est-ce qui va m’arriver " ?? ! Ben voyons ! ...
    En tout cas, merci à Jean pour les infos utiles sur ce cadre splendide des Moulières qu’il faut absolument préserver .

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Mis à jour le jeudi 31 août 2023