Accueil > Patrimoine local > 01 Les monuments, le musée, le moulin, le théâtre de verdure. > Le Moulin à Huile . > La gestion communale du moulin à huile .
Publié par
| jeudi 25 novembre 2010 La gestion communale du moulin à huile .
Séance du conseil municipal du 31/10/1950 : 7 conseillers présents .
(Compte-rendu intégral du point consacré à ce sujet sur l’ordre du jour et intitulé "adjudication du moulin à huile").
" Le maire fait connaitre au Conseil que le moulin à huile est une grosse charge pour la commune ; qu’il n’est plus possible de l’exploiter et qu’il y a lieu d’envisager sa mise en adjudication ".
Suite des observations retranscrites par la secrétaire de Mairie (pour info, Mme Giraud Yvette, maman depuis quelques mois d’un petit Gilbert...).
Le Conseil vote, "dans l’intérêt de la Commune", la mise en adjudication et sollicite auprès du Préfet que la date en soit fixée au dimanche 03 décembre 1950 .
à noter : la lecture des archives suivantes (jusqu’en 1958) ne fait état d’aucune adjudication de ce moulin (aucune vente aux enchères n’a été organisée) ni d’aucune autre délibération sur ce sujet . Par contre, on sait que certaines adjudications avaient lieu pour attribuer la fonction de moulinier : la mairie confiait la charge à un adjudicataire qui faisait "tourner le moulin" en contrepartie d’une location saisonnière (trois mois d’hiver). Le papa d’Annie, Maurice, a été adjudicataire de nombreuses années .
Déjà en 1950, le moulin à huile faisait l’objet de discussions au sein du village et la municipalité était obligée (à regret sans doute) de constater que le fonctionnement de ce vieux moulin devenait une trop grosse dépense, au fil des années . Le terme employé, adjudication, donne une indication certaine sur la proposition du maire : il s’agit tout simplement de demander au Conseil d’accepter les conditions d’une cession prochaine, donc la vente du moulin à huile à un particulier (ou à un groupe de personnes).En 1950 déjà ...
Actuellement, l’équipe municipale se préoccupe également de ce problème. Lors de la soirée "roustide" de février dernier, Pierre Jugy avait assuré l’assistance présente dans le moulin du soutien de sa liste à tout ce que représentait le moulin. Il sous-entendait donc que rien ne serait touché ... Oui, mais ce n’est pas aussi simple que cela et le premier magistrat n’a pas mis longtemps à s’en apercevoir (surtout à la lecture du bilan général d’exploitation du moulin) !!
Mme Patricia Coste, adjointe aux finances et responsable de la comptabilité budgétaire de la commune, a été alertée sur la situation du bilan financier du moulin à huile : elle a donc sorti tous les éléments, les a posés sur la table et s’est penchée sur les bilans avec la plus grande attention .
Il faut reconnaître que la question n’est guère simple et qu’elle touche de nombreux points, dont certains très sensibles . Il est bien évident que si l’on ne considère qu’un seul paramètre, celui du rendement, le moulin à huile est un vrai goufre financier . Malgré tout, dans une période difficile pour les finances des collectivités territoriales (en particulier avec la baisse des dotations départementales), des élus responsables sont tenus de tenir compte de cet aspect purement matériel : nos élus sont les garants de l’argent public et ils doivent donc gérer le côté financier avec la plus grande rigueur. Il n’est plus possible de regretter la suppression ou la baisse des aides départementales et subventions régionales mais de continuer pourtant avec le même train de vie . Il ne suffit pas non plus d’augmenter les impôts locaux de 10,05% comme nos élus tourtourains ont décidé cette année. On ne peut pas d’un côté accepter longtemps que notre première adjointe, Mme Coste, nous abreuve de tirades anxiogènes sur "alerte rouge sur les finances de Tourtour" (brochure numéro 3 de "Tourtour-Actualités", février 2009) mais que rien ne soit fait pour contrebalancer les points connus de gaspillage ou de gestion gabegique. Les effets d’annonce sont bien réussis mais les annonces n’ont ensuite aucun effet ...!
Quelles sont les principales questions qui se posent dans la gestion du moulin ? Quelles sont les observations les plus fréquentes que l’on entend au village ?
** le personnel communal : durant trois mois, deux employés sont affectés à plein temps (en fait, ils sont 4 mais ils permutent, 2 le matin et 2 l’après-midi). Par évidence, les employés du moulin ne sont donc pas ailleurs et de nombreux habitants regrettent cette absence dans l’entretien général de la commune.
** public-privé : sans vouloir non plus jouer souvent les "Père-la-Morale", on peut arriver, sans guère de honte, à faire remarquer que l’activité oléicole menée économiquement par la Mairie au service d’intérêts privés et au profit de quelques récoltants peut soulever quelques réserves sur la déontologie communale et sur l’éthique des élus. On pourra évidemment se draper derrière de louables intentions mais les arguments risqueront de faire long feu ... Si l’on rajoute le fait que les mouliniers connaissent les revendeurs de l’huile du moulin, il n’en reste pas moins que la revente sous le manteau et sans aucune déclaration fiscale facilite la compréhension de quelques oléiculteurs et leur autorise un soutien sans faille à la gestion actuelle même dans le plus illégal fonctionnement . Evidemment, mettre la question sur le tapis (sur les scourtins) relèvera pour certains d’une insulte aux traditions et pour d’autres d’une atteinte à la libre entreprise ... Ce n’est pas grave, il faut parfois savoir écrire ce que l’on entend depuis des décennies (de la part de ceux qui n’ont pas d’arbres..) . Ceux qui vivent de la vente d’huile d’olive auront, eux, quelques rancunes tenaces mais ils auront du mal à ne pas reconnaître les faits .
** récoltants tourtourains ou d’ailleurs : le moulin à huile accueille des récoltants qui ne sont pas propriétaires sur la commune de Tourtour et cette démarche convient à certains oléiculteurs qui aiment notre moulin ancien avec roue en pierre et levier en bois (et qui sont ravis des tarifs pratiqués). Là aussi, l’an dernier, pour la soirée "roustide" qui clôturait la saison 2009, le moulinier principal, Jean-Marc Simon, avait indiqué que le moulin était vraiment saturé et qu’aucune augmentation du tonnage d’olives ne pouvait être envisagé . Rappel quantitatif : pour la saison 2009, 53 tonnes d’olives sont passées au moulin pour obtenir environ 10 000 litres du précieux nectar. Une question est souvent posée : quel est le tarif demandé aux "autres" qui ne sont pas de Tourtour . Le kilo d’olives est facturé 0,47 € aux villageois et 0,50 aux autres : la différence est donc minime et quasiment ridicule (3 centimes d’euro, 20 centimes du temps de Giscard -au premier mandat- !). Il n’aurait guère été scandaleux d’augmenter quelque peu la différence, surtout en période financière délicate, mais la municipalité n’a pas cru bon ! En passant à 0,55 pour les "autres", c’est un beau paquet d’euros qui serait venu garnir l’escarcelle du moulin et les oléiculteurs visiteurs n’auraient pas fait de grosses difficultés . (et puisqu’en plus on refuse du monde, les nouveaux arrivants auraient remplacé les partants !...). Il ne faut pas oublier que la vente du litre d’huile par les particuliers s’est effectuée cette année (production 2009) sur la base moyenne de 12 euros le litre...
** Le déficit annuel : Mme Coste doit publier les comptes précis de l’exercice précédent du moulin (en 2010 après la récolte 2009) et des bilans font état d’un déficit d’exploitation d’environ 8 000 € (certaines années on a frôlé les 10 000..). Il est relativement logique d’attendre une réelle clarification dans les sommes avancées et éventuellement quelques explications aux électeurs qui ne sont pas tous des oléiculteurs...Allez Patou, tu es unique pour bouger le popotin...c’est l’occasion !!
** Bactériologie et normes d’hygiène : Là au moins, personne ne pourra dire le contraire, le moulin n’est pas aux normes règlementaires d’hygiène alimentaire et de prévention bactériologique . cela se comprend logiquement car, de nos jours, les normes sont draconniennes afin d’assurer la sécurité épidémiologique des populations . Pour un moulin à huile, tout doit être en inox, en céramique, accessoirement en or ... Bien sûr que notre magnifique moulin fait de pierre et de bois ne correspond donc plus aux souhaits des autorités médicales et se trouve donc placé hors circuit (par exemple, notre huile ne peut pas être présentée lors des concours régionaux). Mais en plus, l’huile de notre moulin n’est logiquement pas autorisée à la vente ! L’hypocrisie est manifeste car comment imaginer que certains récoltants qui viennent avec 2000 kg d’olives vont repartir avec environ 400 litres pour leur consommation personnelle (ou pour quelques cadeaux à des amis..). Les connaisseurs nous expliquent que le fonctionnement actuel du moulin favorise la fermentation excessive des olives avant la trituration : les fruits restent trop longtemps dans les caisses (et c’était encore pire quand les olives étaient stockées dans des sacs en jute) et cela joue en défaveur du goût de l’huile. Encore une fois, ceux qui sont conciliants ce sont ceux qui profitent des conditions offertes par notre moulin, puisque les moulins voisins sont plus chers (mais les normes sont respectées et la qualité meilleure) : n’est-il pas temps que la transparence et la clarté soient prises en compte et que chacun puisse avoir une idée précise des comptes réels du fonctionnement de notre cher moulin .
En février 2011, la soirée de la roustide sera encore une belle raison de tirer la couverture et de poursuivre la politique actuelle qui consiste à porter de belles peaux de saucissons devant les yeux et à placer des noyaux de verdale pour se boucher les oreilles . Et cette attitude autiste sera suivie du discours habituel où JM Simon, le moulinier en chef parlera de "certains qui soulèvent la polémique mais tout continuera encore comme avant " !! Il est des terroirs où la tradition c’est d’abord la sauvegarde des privilèges et la conservation des avantages acquis (à n’importe quel prix....).
1 Message
Répondre à ce message