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| samedi 18 octobre 2008 | Mis à jour le lundi 8 février 2010Les lavandières.
(dès que possible une photo de Catherine....)
A Tourtour, notre plus assidue lavandière s’appelle Catherine (Caterina) : pratiquement tous les jours elle est au lavoir pour le linge de sa grande famille. Deux de ses filles viennent aussi pour la lessive à la main mais la fréquence est différente.
Une lavandière (mot ancien et souvent poétique pour désigner une blanchisseuse, ou une « buandière », terme plus rare et plus vieux encore) était une femme dont le métier était de laver le linge à la main.
Les artistes, peintres et poètes, ont bien souvent embelli l’image de ces femmes du peuple en les présentant dans un cadre romantique et des paysages magnifiés. Leur condition sociale et matérielle était dans la plupart des cas difficile : les femmes devaient, tout en lavant, s’occuper de leurs plus jeunes enfants, leurs mains étaient très souvent abîmées pour avoir trempé trop longtemps et trop fréquemment dans l’eau bouillante ou au contraire dans l’eau parfois glacée des lavoirs.
Dans les années 1970, en France, une des dernières lavandières authentiques fut récupérée par le monde médiatico-publicitaire : la Mère Denis, de son vrai nom Jeanne Lecalve, née en 1893. (voir un peu plus bas).
Dans la spécialisation de ces femmes travailleuses, il y avait aussi les repasseuses. Dans la hiérarchie, le statut des couturières était par contre supérieur.
Les outils principaux de la lavandière : le gros savon de Marseille, les battoirs, la pince en bois (pour sortir le linge bouillant de la lessiveuse), les pinces à linge (creusées dans du bois)le panier en osier. La caisse bleue servait à transporter tous les outils mais elle était également utilisée pour protéger les genoux des lavandières. A Tourtour la lessive se fait debout et cette caisse n’était pas utile. Par contre, une plaque de bois était posée verticalement contre les pierres et servait à protéger les lavandières des projections d’eau savonneuse .
Chaque semaine, la lessive ordinaire (linge de corps, vêtements de travail, et couleurs) était l’habitude des femmes de chaque maison. Il en était autrement du gros linge : draps, torchons, serviettes etc. En effet, deux fois l’an, au printemps avant les Rameaux et à l’automne vers la Toussaint, plus précisément avant de tuer et cuisiner le cochon, les femmes faisaient la "bugade", la "bugée" ou "buée". Ailleurs, on disait aussi "bugeaille".
Les draps étaient changés chaque mois et après un rapide lavage à l’eau claire puis plus tard au savon de Marseille, suivi d’un rinçage, étaient séchés puis étendus dans les greniers en attendant le jour de la " bugée ". On disait que le linge avait été "éssangé" ; parfois 30 à 40 paires de draps allaient ainsi attendre le jour de la " bugée " ou lessive d’autrefois : n’oublions pas que les normes de propreté n’étaient pas aussi draconniennes qu’aujourd’hui et aussi que les armoires regorgeaient de draps, serviettes et torchons (le trousseau).
La bugade avait pour but de faire bouillir le linge afin de lui rendre toute sa blancheur : la cendre (car elle contient des phosphates) remplaçait la lessive.
C’est en 1944 que Jeanne Lecalvé devient lavandière, allant d’une maison, d’une ferme à l’autre et gagnera le surnom de "Mère Denis". Issue d’une famille nombreuse et pauvre, elle travaillera été comme hiver au lavoir des bords de la Gerfleur, la rivière de Barneville-Carteret (50). Elle vivait encore dans la précarité quand, en 1972, sa vie est transformée (à 79 ans), par un publicitaire qui passait des vacances près de chez elle et la remarqua. Elle devient dès lors une figure publique connue de tous. Elle sera même l’invitée de Bernard Pivot dans l’émission Apostrophes et consacrée personnage de l’année 1972 par la revue Paris-Match. Sa rente lui permit de finir ses jours tranquilles jusqu’à sa mort en 1989.