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| samedi 3 janvier 2009 | Mis à jour le vendredi 2 octobre 2009Le boutis, le piqué .
A Tourtour, de nombreux lits sont recouverts d’un joli boutis qui sert surtout de couvre-lit : c’est un linge de maison typiquement provençal . Chaque mardi, les couturières de l’association Lei Bélugo, cousent avec grande patience et une foi méticuleuse ces petites merveilles de précision et de délicatesse.
La technique du boutis est vraiment à la portée de tout le monde car elle ne comporte aucune difficulté majeure même si quand on voit un ouvrage pour la première fois on se dit que cela doit être très compliqué. Ce qui arrête le plus les personnes c’est le facteur temps car il en faut, c’est sûr, mais lorsque l’on a vraiment le désir de faire quelque chose le temps importe peu. Pour Jacquie Paille et Mme Lainé, ce n’est pas un problème de prendre du temps, elles en ont un peu devant elles...
Il y a 3 étapes dans la confection d’un boutis :
A chaque étape c’est magique car on voit l’ouvrage prendre forme et on a toujours envie de continuer pour voir ce que cela va donner. De plus pendant que l’on est immergé dans son ouvrage, on oublie tout et cela est très apaisant, comme une séance de relaxation en fait. Depuis le début de l’activité dans la Maison Escarelle, la consommation de somnifères et anxiolytiques a fortement chuté sur la commune !
Cet ouvrage divin qui ressemble à un pré dont le givre broda de blanc les feuilles et les pousses". Frédéric Mistral.
Tout a commencé avec le matelassage, technique connue dès l’antiquité sur tous les continents mais l’ancêtre du boutis proprement dit serait arrivé en France par la Méditerranée via la Sicile.
Avec l’ouverture des voies maritimes vers l’Inde, l’Europe découvre d’innombrables richesses. Louis XIV grâce à Colbert crée la Compagnie des Indes puis la Compagnie du Levant. On voit arriver en France de plus en plus d’étoffes aux dessins magnifiques. La région de Marseille dont le port recoit ces étoffes sublimes va se lancer dans l’impression de toiles indiennes brutes. Ces toiles imprimées en France auront un succès immédiat. Les femmes seront séduites par les prix peu élevés, la facilité d’entretien et les couleurs. Mais devant le succès de ces étoffes les marchands drapiers et les soyeux font pression sur le Roi qui réglementera la fabrication et l’usage de ces toiles imprimées ou peintes.
Heureusement le roi maintiendra l’autorisation d’introduire des toiles blanches pour les piquer et cette activité de piquage va sauver les emplois de l’époque. Ainsi vont se développer les techniques typiquement provençales du piqué et des broderies qui utilisent le relief.
Chaque jeune fille avait dans son trousseau des objets en boutis : vannes, jupons, dans les milieux populaires elles cousaient le soir après la journée de travail et chacune en quelque sorte y racontait un peu sa vie, ses souhaits grâce à la symbolique des motifs choisis.(pour ces raisons, la décence nous retient de ne pas publier certains motifs choisis par quelques adhérentes des Bélugo)..
L’oeil fait bien vite la différence entre piqué et boutis, car placés tous deux face à une source lumineuse, si le premier ne laisse passer qu’un jour opaque, diffus sur toute sa surface, le Boutis voit le contre-jour magnifié, offrant volumes sombres et lignes claires bien tranchées, toute la lumière traversant généreusement les espaces non méchés.
L’origine du mot boutis : un sujet de controverse :
Boutis provençal et piqué marseillais
Le boutis est souvent à tort confondu avec le piqué de Marseille qui aujourd’hui est une technique qui a pu être industrialisée contrairement au boutis provençal qui reste un art avec des objets originaux et vraiment personnels.
Dans le commerce on trouve en effet souvent des objets vendus sous le nom de boutis qui sont en réalité du piqué Marseillais, ce faisant la signification du mot se perd et peu de personnes savent en définitive ce qu’est réellement le boutis. C’est un peu une usurpation d’identité et c’est dommage.
Pour faire du piqué marseillais il faut une épaisseur de tissu, une épaisseur de molleton et une autre épaisseur de tissu. Ces 3 épaisseurs sont cousues ensemble.
Pour faire un boutis il faut reporter un dessin sur un morceau de tissu, le coudre avec un autre morceau de tissu et ensuite on remplit tous les espaces avec du coton. C’est cela qui va créer le relief de l’ouvrage.
L’oeil fait bien vite la différence entre piqué et boutis, car placés tous deux face à une source lumineuse, si le premier ne laisse passer qu’un jour opaque, diffus sur toute sa surface, le Boutis voit le contre-jour magnifié, offrant volumes sombres et lignes claires bien tranchées, toute la lumière traversant généreusement les espaces non méchés.
Pour réaliser vos boutis, vous pouvez commander des croquis auprès de Mireille Santarnecchi
web : www.aboutis.fr
www.rebecca-m.fr/page_boutis_provencal.htm
Et 4 livres bien documentés :