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| mardi 15 février 2011 | Mis à jour le mardi 17 décembre 2013Le jujubier et le jujube de Tourtour .
En discutant avec nos chers "anciens" tourtourains on apprend bien sûr des tas de choses intéressantes sur la vie quotidienne de notre village autrefois : on ne peut pas tout raconter (certains seraient froissés, dit-on..) mais d’autres petits détails cocasses méritent une légère attention ...
Par exemple, dans les cours de récréation, on sait tous que les gosses ne se font pas de cadeaux et se moquent allègrement des noms de famille des petits copains (si j’écris "camarade", on va encore penser à mal ...). Les quolibets fusent sur l’air des lampions et rares sont ceux qui passent au travers du filet . Quand on s’appelle giraud, on a droit aux classiques du genre avec giroflée, girouette, girophare... Quand on se nomme Lesage on devient vite pas-sage, si l’on est un Révelli on se transforme en ravioli et si l’on naît chez les Bréard on se retrouve rapidement et logiquement dans la famille des brêles ...
Un enfant en particulier a été fortement traumatisé dans son enfance et sa scolarité par les humiliations enfantines : il a eu beaucoup de mal à supporter les remarques ironiques de ses copains (et copines) et il garde encore aujourd’hui les séquelles de son blocage psychologique ... Pourtant, on ne peut pas dire que les termes employés par les garnements de la récré étaient des plus insultants !! Mais la paranoïa ne s’explique pas toujours et les troubles n’ont jamais cessé de hanter notre cher Pierre : et même aujourd’hui, quand il pose l’ écharpe tricolore autour de son épaule , notre maire se souvient avec effroi de ces moments tragiques des cours de récréation ...
Essayons de nous rendre compte tout ce qu’a pu subir notre édile principal et quelles conséquences cela a-t-il pu avoir sur son comportement adulte ...
Quand on s’appelle Jugy les autres enfants ne mettent pas longtemps à vous trouver deux sobriquets qui viennent vite à l’esprit : les deux mots qui se rapprochent le plus du patronyme Jugy sont jugeote et jujube . (à notre époque les gosses y rajouteraient ju-jitsu mais ce nom d’art martial était peu connu autrefois).
Donc, quand les gosses voulaient se moquer de petit Pierre ils lui lançaient des " jugy sans jugeote" (il est vrai que ses résultats scolaires n’atteignaient jamais les sommets, -loin s’en faut-) ou alors des " jugy le jujube "... Et notre Pierre se cachait où il pouvait, se murait dans un silence maladif et ruminait sa peine . Il n’arrivait décidément pas à surmonter ces pécadilles enfantines : paradoxalement, quand il n’était pas à l’école, il était beaucoup plus déluré et de nombreux paysans auraient semble-t-il souffert de ses frasques (bassins vidés, légumes arrachés, outils abîmés, foin brûlé...) : et dans ces cas-là, sur la place du village, on entendait les vieux tourtourains assis autour des deux ormeaux qui disaient " qu’est-ce que vous voulez, il n’y est pour rien ce petit Pierre, c’est un Joly ..." (ils prononçaient "djaùli"). Et cela était une excuse pour toutes les malversations et les dégâts causés par ce gamin espiègle car apparemment, dans cette lignée familiale des Joly, régnait une certaine "originalité"...
Celui qui écrira la biographie de Mr Pierre Jugy relatera ces épisodes avec plus de détails mais il ne pourra effectivement pas faire l’impasse sur toutes ces années où le gamin, l’adolescent, le junior et le jeune adulte ont tour à tour lutté contre ce complexe d’infériorité qui caractérise encore aujourd’hui le caractère psychologique de notre cher maire . Il est notoirement connu qu’un individu refoulé a besoin de se valoriser face aux autres et la notion de pouvoir politique est un levier efficace pour soigner son égo : ainsi, Pierre s’est-il laissé gagner par le chant des sirènes conduites par les sbires et faux-amis dracénois ou tropéziens (en plus des requins de la famille des squales Coste..).
Revenons-en (ou venons-en !) à ce fruit , le jujube ...
Originaire de Chine, le jujubier est un arbre aux rameaux épineux de la famille des Rhamnacées, qui peut atteindre 8 à 10 mètres de haut. Il en existe des centaines de variétés de par le monde dont certaines poussent à l’état sauvage ou demi-sauvage dans les pays tropicaux et subtropicaux. En Europe, la culture a été délaissée, et il n’y a plus guère que les enfants pour cueillir ses fruits, les " guindaules ".
Seules quelques variétés privilégiées donnent des fruits dignes de ce nom. Les jujubes sont des drupes à peau fine et brillante, de forme ovoïde ou oblongue, qui font de 2 à 5 cm de long. Ils passent du vert au jaune puis au rouge, parfois au brun roux. Leur chair peu juteuse est vert pistache, un peu farineuse, mais croquante et doit être de saveur douce et agréable.
Les jujubes des pays méditerranéens sont petits comme des olives et de couleur rouge vif à maturité. Ce sont les jujubes de Chine, les plus gros, obtenus grâce à des sélections rigoureuses, qu’on appelle les " dattes chinoises " ou " dattes rouges " qui sont les plus appréciés de tous les amateurs et le plus volontiers importés chez nous d’Extrême-Orient.
Originaire de la Chine du Nord, le jujubier est passé en Asie du sud-est, en Inde et en Perse 3000 ans avant notre ère. Puis plus tard au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et enfin dans les pays méditerranéens de l’Europe. Des fouilles archéologiques menées dans le désert égyptien, non loin de la mer Rouge, ont mis à jour dans le village où vivaient les ouvriers des carrières du Mons Claudianus, des restes de jujube. Les Égyptiens aimaient beaucoup les jujubes, les dattes, les noix du palmier dum au goût de gingembre, ainsi que les "dattes du désert" (les drupes de la balanite). Ils plaçaient ces fruits entre deux disques de pâte à pain avant de les faire cuire.
Le jujubier est arrivé en Europe sous le règne d’Auguste où il était apprécié autant pour ses qualités médicinales que gustatives.
A Tourtour, on trouve plus guère de jujubiers mais on peut estimer à une cinquantaine le nombre d’arbres encore vivants sur la commune : Monique et André, par exemple, en ramassent quelques kilos chaque année
Homère raconte dans l’Odyssée que les compagnons d’Ulysse furent accueillis sur l’île des Lotophages par les indigènes qui leur offrirent des petites baies rouges : "Aucun de ceux qui eurent mangé du fruit mielleux du lotos ne voulut y renoncer, ni retourner dans son pays." Frappès d’amnésie, ils oublièrent si bien et leur pays natal qu’il fallut les garrotter pour les réembarquer de force.
D’après la mythologie grecque, la nymphe Lotis se transforma en jujubier, arbuste on ne peut plus épineux et on ne peut plus défensif, pour échapper aux assauts de Priape.(qui disposait pourtant -dit la légende- d’arguments solides).
Selon certains, les épines de la couronne du Christ étaient sans doute celles du " jujubier épine du Christ ", Zizyphus spina christi, assez courant en Israël.
Jusqu’à la Renaissance, le jujube joua un rôle important dans la pharmacopée surtout pour ses vertus pectorales, et contre les affections de la vessie et des reins. Il entrait dans la composition de " l’eau céleste "que l’on parait de toutes les vertus. Elle éloignait les animaux venimeux, protégeait de la peste et de la lèpre.
Selon la tradition arabe, le jujubier du Paradis a autant de feuilles qu’il y a d’êtres vivants dans l’univers. Chacune de ses feuilles porte le nom d’une personne et de ses père et mère. Selon le temps qu’il reste à vivre à chacun, sa feuille est plus ou moins verte, si la feuille se dessèche c’est qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre. Lorsqu’une personne meurt dans l’année, la feuille sur laquelle son nom est gravé tombe.
En raison de ces épines c’est un symbole de défense. Au Maroc, les épines ont la réputation de protéger du mauvais oeil, et on dépose des rameaux sur les tombes. La sage-femme met un petit rameau dans les mains de chaque nouveau-né mâle en exprimant le souhait qu’il " devienne dangereux comme cet arbre avec ces épines ". En Grèce c’est une feuille que l’on place dans la main des nouveau-nés, mâles ou femelles, dans l’espoir qu’ils soient bien armés dans la vie.
Le jujube est très calorique et riche en glucides. Il est émollient et diurétique. Sec ou en décoction, il est indiqué contre les rhumes bénins, la toux, l’enrouement. Avec les figues, les dattes et les raisins secs, il fait partie de la décoction des "quatre fruits béchiques" ou" pectoraux ". Il peut être également utilisé comme dépuratif.
La pâte de jujube que l’on vendait dans les pharmacies n’était en général rien d’autre que de la gomme arabique mélangée à du sucre et parfumée à l’eau de fleur d’oranger... mais sans jujube.
Les meilleurs sont les jujubes d’Extrême-Orient, gros et oblongs, les plus sucrés, que l’on vend sous le nom de dattes rouges ou dattes chinoises. Contrairement à d’autres variétés, on peut les manger frais. On en vend également une autre variété, le Zizyphus sativa, dont les fruits sont décrits par Alphonse Daudet comme " les petites olives rouges, croquantes et charmantes sur un feuillage jaune ".
Parmi les nombreux plats qui figurent sur les tables pour les fêtes de Nouvel An chinois, il y a des vermicelles transparents, les fen si, à base de haricots mungo, avec au centre un jujube. Le jujube rouge représente l’insigne des dignitaires mandarins qui portaient un bouton rouge sur leur bonnet. Ce plat annonce la réussite et la bonne fortune qui arrivent.
Pour les fêtes du Nouvel An chinois, (c’était la semaine dernière) on sert aussi des jiaozi, des raviolis farcis, salés ou sucrés en forme de demi-lune et légèrement bombés. Celui qui prend par hasard dans tout un assortiment, un ravioli au sucre aura une existence douce dans l’année. Si le ravioli est farci d’un mélange de jujubes et de marrons, il verra ses souhaits vite réalisés. En effet, il y a homophonie entre " jujube ", " marron " et " vite réalisé ", zaolizi. Le lendemain des mariages, la mariée fait la cérémonie du thé pour sa belle famille. Après s’être inclinée devant ses beaux-parents et tous les membres importants de l’assistance, elle offre un thé sucré aux jujubes et aux marrons. En effet, un proverbe dit : " Manger des jujubes permet d’avoir un garçon, manger des marrons, une fille. " Et la jeune femme montre ainsi qu’elle entend donner naissance à un fils ou une fille, le plus rapidement possible. (des traditions marrantes, on devrait faire ainsi à Tourtour avec la tapenade et l’aïoli..).
Alors qu’au quotidien, les Chinois boivent le thé nature et ne le sucrent pas, lors du réveillon du Nouvel An, on sert du thé aux jujubes et aux graines de lotus qui représentent la douceur d’une vie heureuse. On l’accompagne traditionnellement de nian gao aux cent fruits, une gourmandise faite de farine de riz glutineux et de farine de riz, parfumée à l’alcool de cannelier et enrichie de fruits secs, jujubes, dattes, litchis séchés... Et on se souhaite mutuellement une vie de plus en plus " élevée " en tous domaines, en faisant un jeu de mots, entre gao " gâteau " et gao qui signifie " élevé ".(on s’aperçoit décidément que les chinois aiment bien jouer avec les mots !!).
Les Chinois sont grands amateurs de jujubes et ils les emploient pour faire des sucreries, des pâtes de fruits, des gâteaux au riz gluant et au miel. Les jujubes confits entrent dans la préparation du riz aux Huit Trésors. Ils en ajoutent aux farces pour les raviolis, la volaille ou le lapin, à des boulettes, telles que les boulettes de porc au riz gluant cuites à la vapeur. Ils saupoudrent de jujube en petits morceaux des petits pains de maïs.
Au Maghreb, l’emploi du jujube ne se limite pas non plus au sucré, on prépare par exemple de l’agneau au miel et aux jujubes (sous forme culinaire de tajine).
Si vous voulez des renseignements supplémentaires sur le jujubier et ses fruits, allez sur le site ci-dessous et vous aurez une documentation très complète sur cet arbre (il n’y a pas de photos mais le texte est très précis) :
association.fruits.oublies.pagesperso-orange.fr/contrib/jujube/jujube.html
Et comme souvent , une petite recette que nous dédions volontiers aujourd’hui à notre maire : pour conforter son esprit plein d’humour, Pierre devrait proposer ce dessert sur sa carte (ou les menus) de son restaurant ... Et il raconterait aux clients la bouleversante et poignante anecdote de Jugy le jujube : les visiteurs seraient tellement émus aux larmes qu’ils ne verraient pas passer l’addition...
Tarte amandine aux jujubes :
Ingrédients pour 6 personnes :
Pour la pâte :
200 g de farine
80 g de poudre d’amandes
120 g de beurre
4 c.s d’eau
1 pincée de sel
Deux poignées de haricots secs (ou du riz ) : c’est uniquement pour faire du poids sur la pâte afin que celle-ci ne fasse pas des "bulles" .
Pour la garniture :
60 g de sucre + 2 c.soupe
100 g de poudre d’amandes
40 g de farine
2 oeufs
100 g de beurre
1/2 citron non traité, autement dit vous vous adressez à Fabien ...
Une trentaine de jujubes fraîches.
1. Faites préchauffer le four à 180°C.
2. Commencez par préparer la pâte brisée aux amandes : mélangez du bout des doigts la farine, la poudre d’amandes et le beurre coupé en morceaux. Ajoutez l’eau petit à petit pour amalgamer la pâte. Formez rapidement une boule.
3. Farinez le plan de travail et étalez la pâte au rouleau sur une épaisseur de 1,5 cm. environ.
Garnissez-en le fond d’un moule à tarte beurré, couvrez de haricots secs (ou de riz) et enfournez pour 10 minutes. Laissez refroidir.
4. Pendant ce temps, préparez la crème d’amandes : mélangez le beurre pommade avec la poudre d’amandes, la farine et le sucre. Ajoutez les œufs un à un sans cesser de mélanger. Râpez le zeste du demi citron et ajoutez-le à la crème.
5. Lavez les jujubes et coupez-les chacune en quatre quartiers en évitant le noyau et mettez-les dans un bol. Ajoutez les 2 cuillères à soupe de sucre et le jus du demi citron. Mélangez bien.
6. Tapissez le fond de pâte avec la crème aux amandes et disposez les quartiers de jujube en cercles concentriques par-dessus.( bien sûr vous pouvez décorer à votre guise ). Un détail : afin d’éviter que la cousine Jasmine ne le fasse gentilment et adroitement remarquer, il est recommandé (à ce stade de la recette) de retirer la couche de haricots ...
7. Enfournez pour 30 min., toujours dans le four préchauffé à 180°C.
Dégustez tiède.
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