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| lundi 8 février 2010Le poids des mots ...
J’ai été vraiment peiné qu’un lecteur assidu du site me fasse part de son embarras face à ce qu’il considérait comme une dérive de ma démarche : il avait été marqué par des allusions faites au "système mafieux véhiculé par la municipalité " ... Je lui ai fait part de mon étonnement car je ne me reconnaissais guère dans ce genre d’assertion aussi prononcée mais je lui faisais confiance pour avoir effectivement lu ce qu’il me reprochait. Il me restait donc à réfléchir sur son ressenti et c’est là que j’ai pu mesurer le poids des mots et surtout les répercussions que peuvent entrainer leur emploi dans un contexte donné par celui qui écrit mais détourné par celui qui le lit .
Avant tout, pour que les choses soient totalement limpides, il ne m’est jamais venu à l’idée de sous-entendre que l’équipe municipale (dans son ensemble ou l’un ou plusieurs de ses membres) pouvait être impliquée dans des pratiques frauduleuses que l’on attribue habituellement à la mafia . Si cette accusation avait été aussi vertement énoncée, nul doute que je me serais retrouvé avec une plainte pour diffamation et cela aurait été dans la logique des choses : mais rien, absolument rien dans mes textes ne pourrait justifier que l’on m’accusât de ce délit.
Par contre, je n’ai eu aucun scrupule à parler de "système mafieux" dans certains domaines et à propos de comportements politiques qui sont de nature à provoquer l’amalgame mairie-mafia . Et c’est là que l’on doit faire l’effort de bien faire la différence entre ce que l’on lit et ce que l’on croit lire ou plutôt entre ce qu’ est l’opinion énoncée et celle que l’on décide qu’elle est...
Un exemple : ci-dessous, deux articles où les termes "système mafieux" sont employés dans la presse nationale ( l’Express et France-Matin) mais qui montrent facilement que l’accusation ne vise pas à comparer la situation avec la Sicile ou le film "le Parrain" . Quand le Parti socialiste emploie ces mots, il n’y met pas évidemment pas d’allusions à des délits graves : faisons appel à notre sens critique, décortiquons bien les phrases et le contenu de l’argumentation et ne faisons pas l’amalgame ...
" La baisse des prix est l’objectif de la réforme de la grande distribution prévue par le projet de loi sur la modernisation de l’économie (LME), a répété jeudi le gouvernement à l’Assemblée. De son côté, la gauche a redouté le renforcement d’un "système mafieux" en faveur des hypers."
Pour l’article, voir le lien ci-dessous (cliquer) :
www.lexpress.fr/actualite/economie/le-ps-denonce-un-systeme-mafieux_510940.html
Un autre article et mêmes observations :
système mafieux chez HSBC France révélé par notre confrère ...
Le quotidien du groupe Amaury a en effet rendu publique une information que la banque voulait tenir secrète tant son système de gestion aussi bien que son ... (voir article dans le lien ci-dessous) :
www.francematin.info/Un-systeme-mafieux-chez-HSBC-France-revele-par-notre-confrere-Aujourd-hui-en-France_a18537.html
A Tourtour, dans quelle mesure peut-on parler de système mafieux ?
Si vous cherchez des exemples dignes des agissements d’un Don Corléone impliqué dans des trafics de drogue ou d’un autre mafioso calabrais spécialiste de la prostitution ou du blanchiment d’argent, vous ne les trouverez bien sûr pas ici . Par contre, la question peut se mettre en parallèle avec des exemples concrets d’une vie quotidienne villageoise .
Prenons l’exemple de l’information municipale, ou plutôt son absence totale depuis deux ans . Comment peut-on arriver à justifier que les deux publications municipales (le Troumpetoun et le Billet du Maire) soient passées à la trappe ? En 2010, une assemblée communale peut-elle passer à côté de la plus élémentaire des obligations démocratiques et morales envers ses administrés ? Les aspects financiers ne peuvent guère expliquer cette mise à l’écart de la population : les habitants n’ont aucun moyen officiel d’information citoyenne et ils se trouvent donc, de fait, en dehors de toute la vie quotidienne du village. Ils sont entièrement dépendants du "pouvoir en place " et ne peuvent donc, en aucun cas, participer citoyennement à la vie de la cité . A ce moment-là, que ça plaise ou non, on est dans un système mafieux (que l’on y mette des guillemets ou pas) ! Le chef patriarchal du village régente tout et les sujets subissent sans réaction : c’est le silence pesant de l’omerta qui formate les esprits et condamne l’expression ou la contestation (même la plus minime).
Autre chose : imaginons qu’un élu du conseil municipal (qui était parfois dans une attitude de contestation) soit mis au pli par un conjoint d’une adjointe au maire en le menaçant de divulguer des renseignements sur sa carrière professionnelle qu’il a obtenus par un réseau parallèle, dans quel système autre que mafieux faudrait-il inscrire ce fonctionnement ?
Imaginons que l’époux d’une conseillère municipale soit un jour mis au pli de la même façon car il aurait émis parfois des réserves sur la gestion communale ? On appellerait ça comment ?
Imaginons que deux responsables d’associations se soient placés dans des situations difficiles de trésorerie, que la mairie en soit informée et que les personnes concernées continuent à exercer leurs "responsabilités" sans que l’organisme financeur (la mairie) ne bronche d’une oreille, comment l’appellerait-on le système ?
Imaginons que des aménagements du Plan d’Occupation des Sols soient opérés en vitesse (mais en catimini) avant le passage au Plan Local d’Urbanisme (qui est volontairement repoussé de mois en mois), aménagements rapides pour permettre l’éclosion soudaine de petites opérations immobilières réservées à certains (et depuis peu on sait qu’il faut se contenter de ce mot bien indéfini..), à ce moment-là dans quel système serait-on ?
Ne déplaise aux courtisans, il s’agit vraiment dans ces exemples (et il y en a d’autres) d’un système mafieux et je persiste à le dire, à condition que l’on s’en tienne à ce qui est effectivement dit et pas ce que l’on veut y voir ...
Quand on veut noyer son chien on l’accuse de la rage !
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