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| vendredi 29 mai 2009
Le spleen des Ormeaux...
Le Bar des Ormeaux est un des lieux historiques du village et chaque tourtourain lui voue une vénération mystique . On peut facilement imaginer qu’à son emplacement, les hommes préhistoriques se réunissaient déjà pour les répartitions des zones de chasse mais il a été prouvé qu’une seule battue existait à l’époque, ce qui réduisait les risques d’attaques à coups de lances aux flèches de silex. Au Moyen-Age, c’est exactement là que les troubadours venaient distraire les serfs le dimanche et durant la Révolution, c’est ici que furent brûlés les meubles du Seigneur et que Saint-Domnin commença son oeuvre de missionnaire de la région du Verdon. Et c’est encore là, précisémment, que les campagnes électorales pour les municipales se gagnent (et la dernière en est la preuve éclatante..).
De nos jours, le Bar des Ormeaux continue son oeuvre de lieu d’échanges (comme l’Agora de nos amis grecs de Portaria) et il joue toujours son rôle de service public au service des villageois. Malgré tout, il arrive à un moment charnière de son histoire et il est soumis à de légers soubresauts dans sa vie quotidienne.
Rendez-vous compte ! Depuis quelques mois, Angelin et Annie sont des simili retraités et Karine et Gilles se retrouvent héritiers d’un patrimoine familial qu’ils doivent assumer dans la continuité de son histoire et de ses traditions. Ce n’est pas une sinécure de poursuivre l’oeuvre sociale et humaine de ce lieu chargé de symboles. Le frère et la soeur sont conscients de la tâche à accomplir et ils s’y attellent avec foi, motivation et courage. Bien sûr, ils ne sont guère novices et ils ont déjà travaillé avec les parents qui les ont formés avec rigueur et abnégation .
La situation actuelle de notre planète a des répercussions jusque dans les petits villages du Haut-Var et nos deux jeunes patrons en subissent les effets : on les voit quelquefois soucieux, perplexes, à la lisière de l’angoisse du lendemain..
Regardez bien Karine !!
Elle est plongée dans une drôle de période mêlée de doute et d’inquiétude, elle se pose des dizaines de questions, elle nous fait de la peine. La Karine souriante et affable, la digne petite-fille d’Inès, nous la voyons abattue, profondément troublée et dubitative devant l’ampleur des soucis qui se posent .
Heureusement pour elle, son frère Gilles est plutôt dans un état d’excitation salutaire mais ne s’agit-il pas simplement du bonheur de ce joli petit Vincent qui vient d’arriver ? Gilles est un peu dans les nuages, il survole, il plane...
Regardez-le bien, notre Gilles !!
A-t-il l’air de penser à la récession mondiale, au prix du baril de pétrole, aux effets climatiques de la couche d’ozone, au pouvoir d’achat des estivants....non ! il chante, il siffle, il élucubre ! La vie est belle, les cigales vont bientôt arriver, la lavande va fleurir et les premières belles tomates de Michel vont égayer le marché du samedi...
Karine ne voit pas tout à fait les choses comme cela : il est vrai que les séjours en Inde et au Népal de sont frère n’ont pas les mêmes effets tranquilisants que les escapades avec Féfé et ses potes dans l’Aveyron ou l’Ardèche... Elle veut quand même que Gilles ouvre les yeux, qu’il retombe les pieds sur la Place, qu’il revienne sur la terrasse... Alors, elle lui rappelle les soucis, elle lui souligne les problèmes, elle précise les échéances : et Gilles réfléchit !
Regardez-le bien !!
On voit très bien qu’il a enfin écouté et compris sa soeur ! Son regard et son attitude nous rassurent sur son dynamisme, sa soif de lutter, sa faim de vaincre, sa volonté de prospérer, sa hargne de combattre l’adversité et son impérieux désir de contribuer encore plus à la vie citoyenne du village...
Nous pouvons être tranquille ! La terrasse des Ormeaux va continuer à être le point névralgique de Tourtour et le centre de la vie sociale du village. Et si en plus, Diana est de la partie, nous ne risquons plus rien : quand elle se frotte la langue comme ça, il ne peut plus rien arriver de grave...
Fini le spleen des Ormeaux !