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| dimanche 7 février 2010Les mouliniers de l’hiver 2009 .
Tous les ans, nos employés municipaux sont occupés en grande partie à la production de l’huile d’olive, durant décembre et janvier : cette tradition locale est respectée et chacun se satisfait de cet effort consenti par la municipalité au profit des habitants qui récoltent leurs olives.
Parfois, et pas toujours pour galéjer, il est reproché à nos fonctionnaires territoriaux de se la couler un peu douce (pas l’huile, la vie..) durant ces deux mois car ils sont bien au chaud au moulin et qu’il n’y a pas grand chose à faire d’autre que de regarder agir la presse. Oh ! que non !!....
Si l’on reste deux ou trois heures au vieux moulin et que l’on fait bien attention à tout, on s’aperçoit que la journée de nos mouliniers n’est guère de tout repos, bien au contraire .
On va prendre un exemple chiffré qui risque d’étonner : savez-vous quel sera le tonnage total d’olives de cette année ? Environ 46 tonnes, autrement dit, 46 000 kilos qu’il faut "gangasser" plusieurs fois : les caisses arrivent, on décharge, on les stocke dans un coin libre, on les transporte ensuite vers les meules, on les verse. Donc 4 manipulations minimum : cela nous conduit à 46 000 x 4 = 184 000 kilos à soulever, rien que pour les olives non triturées. Après la meule, il faut remplir les scourtins (8 kg), les porter à la presse, les retirer, les remettre après eau chaude pour deuxième passage, les enlever, les vider des grignons, donc au total environ 800 kg de plus à bouger par jour, donc 800 x 60 = 48 000 kg de plus pour les deux mois. on aboutit donc à un total de 184 000 + 48 000 = 232 000 kg pour les 4 mouliniers, la part individuelle s’élevant donc à 58 000 kg par employé communal pour la saison, ce qui équivaut à plus d’une tonne par journée travaillée . Dans ce calcul, n’entrent pas en compte les manipulations des grosses cuves en inox, des bidons et des bonbonnes, l’enlèvement des grignons ainsi que le maniement de la grosse poutre en bois pour actionner la presse et le contre-poids : on voit bien que le boulot de moulinier est difficile et réclame une condition physique sans reproche .( on connait d’ailleurs tous les efforts du responsable du moulin pour entretenir son souffle lors de ses sorties estivales à vélo sur les routes du haut-Var ainsi que les cures d’oxygénation dans l’Aveyron en septembre avec d’autres sportifs du village..).
1- Voûte avec trou pour que la vis entre dans le mur
2- Poutre
3- Vis en bois (XVIIe - XVIIIe siècles) ou en fonte (XIXe siècle)
4- Cliquet et tête de cliquet en fonte
5- Bois pour presser
6- Scourtins remplis de pâte des grignons
7- Ecoulement de l’huile d’olive
8- Bac de réception de l’huile
9- Le moulinier manœuvrant la basse de pression
Dans le moulin, des dizaines de caisses d’olives attendent : elles sont classées par récoltant afin de tirer l’huile à partir de chaque client, à condition bien sûr que le poids soit suffisant pour une tournée à la presse (le client peut donc être assuré d’avoir son huile tirée de ses olives).
Le fonctionnement de notre moulin à huile a déjà été décrit par mon cousin Michel avec l’article "l’huile de Tourtour" que vous trouverez dans la présente rubrique (vous pouvez le lire directement en cliquant sur le lien ci-dessous ) :
tourtour.village.free.fr/ecrire/
Pour l’huile, il faut de l’eau chaude et le poèle est là pour ça : il permet aussi aux olives de ne pas geler car la nuit la température serait trop froide dans ce moulin aux murs en pierre.
La roue en pierre (elle ressemble aux meules pour le blé) est actionnée par tout un système d’engrenages en bois et métal : plus de 200 kg d’olives sont versés et écrasés à chaque tournée qui dure presque trois heures .
La pâte obtenue est insérée dans les scourtins qui sont placés ensuite (une vingtaine) sous la presse actionnée par un grand bras en bois (et par les muscles d’ Eric, Christophe, Jean et les 2 Claude).
Chaque propriétaire apporte ses récipients où il désire qu’on lui verse son huile : à partir des belles cuves en inox, on transvase donc dans les gros bidons ou les bonbonnes en verre (il ne faut pas du verre transparent car l’huile d’olive craint la lumière).
Quand certains parlent d’un travail tranquille, regardons le visage du chef moulinier vers 15h00 : dans son regard on sent tout à la fois la grosse fatigue d’une journée de labeur mais aussi la fière satisfaction du devoir accompli, le plaisir d’une mission réussie pour les propriétaires qui seront ravis d’avoir leur huile toute belle et parfumée . (Sacré Jean-Marc ! comme ça tu ressembles un peu à Pierre Jugy quand il remonte du Byblos ou du Club 55...).
Dans quelques jours, le moulin fêtera la fin de la saison par la Roustido et chacun viendra goûter la nouvelle huile 2010 avec du pain grillé et de l’anchoïade : une bonne occasion pour remercier les mouliniers pour leur application et leur savoir-faire. Bravo les gars !