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| dimanche 11 octobre 2009
La restanque est un mur en pierre sèche élevé sans mortier et sans liant. Encore qu’aujourd’hui le mot en vient aussi bien à signifier le mur lui-même que la surface plane qu’il a, à l’occasion, permis de créer. En effet, son premier usage était, à l’aide des cailloux trouvés sur une surface en pente, de créer un terrain plat, terrasse ou palier, pour en permettre l’exploitation agricole. Par exemple, à Camp-Fournier : en dessous de la route quelques petites restanques car le terrain est très peu pentu : par contre au dessus de la route, des restanques plus hautes car le terrain est escarpé. Le même mode constructif était également utilisé, les pierres ne manquant pas, pour délimiter les propriétés. Ce fut même partout dans le monde l’un des tous premiers modes constructifs utilisés là où la caillasse parsemait les sols en abondance. La pierre de Grimaud (le tuf) a été très largement mise à contribution et les réserves s’épuisent dans notre village (et pourtant il faudra en trouver pour le lotissement de Beauvezet).
Aujourd’hui, l’aspect utilitaire a été remplacé par l’aspect culturel et la restanque est en train petit à petit de faire un grand retour, en tant qu’élément de décoration cette fois. "On nous appelle pour deux raisons : la rénovation quand il s’agit de reconstituer des restanques écroulées et la création quand il s’agit cette fois, pour des motifs de décoration et d’aménagement de parcs et jardins, de créer de toutes pièces de nouvelles restanques", explique un artisan paysagiste qui travaille beaucoup au domaine de Saint-Pierre.
De fait, loin de sa connotation rurale (de vieux paysans savent encore reconstruire leurs propres restanques sans s’apercevoir qu’ils possèdent un savoir-faire immémorial), le cachet d’une restanque est aujourd’hui associé à l’idée d’aménagement haut de gamme. Pourtant, la méthode de construction reste artisanale, sans doute peu différente de celle des siècles passés.
Trois types de pierre sont nécessaires. Les pierres de façade qui pèsent jusqu’à 35kg sont retaillées au burin afin qu’elles soient le plus rectangulaire possible, les pierres de blocage qui permettent de maintenir en place les pierres de façade et le ballast, des petites pierres de la taille d’un poing qui permettent de retenir la terre et l’empêcher de s’immiscer dans le mur. Ainsi, pour un mètre carré de pierre de façade, il faut compter un mètre cube de pierre.
Outre son aspect décoratif, les avantages d’un mur en restanque sont nombreux. Aucun risque de craquement ou de fissure ou de rétention d’humidité puisqu’un tel mur est comme un drain continu qui n’empêche pas l’écoulement d’eau. Il laisse par ailleurs passer les racines et ne se déformera pas à cause des racines de la végétation (attention tout de même de ne pas planter un platane à trois mètres du mur).
De plus, sa durabilité est à toute épreuve comme en témoignent les nombreuses restanques encore en place, malgré le défaut d’entretien. "Une fois terminé, c’est parti pour 100 ans et plus", s’amusait mon pépé Auguste. A Tourtour, les deux grands spécialistes des murs en pierre ont été Gaëtan Mazzoleni et Jean-Marc Simon et il est bien dommage que la relève n’ait pas été assurée car le patrimoine local va commencer à en ressentir durement les effets.
Le seul frein à un réel (re)démarrage des restanques est son coût. En effet, non seulement les artisans spécialisés sont rares mais, outre le prix de la pierre, c’est un travail qui demande beaucoup de main d’oeuvre. D’autant qu’on ne facture pas la rénovation comme la création. La première se facture au temps passé (330 euros environ la journée pour le travail de deux personnes) tandis que la création, dont on peut plus précisément prévoir le déroulement, se calcule au m2 (environ 80 euros le m2) .Cela reste donc encore un produit haut de gamme qui deviendra plus accessible si la demande se développe. (Il est sûr que si les japonais viennent en nombre dans la région, ils seront ravis de participer à la conservation du patrimoine des restanques).
Les restanques .
Tout autour de Tourtour et alentours, dans les champs, nous voyons des murs en pierre : ce sont les restanques.
Restanque est la francisation du provençal restanco (en occitan normalisé restanca), terme employé en basse Provence et désignant au sens propre un mur de retenue en pierres sèches construit dans le lit d’un torrent intermittent pour provoquer un atterrissement en amont (tout en laissant passer l’eau) et créer ainsi une terrasse de culture .
Le sens premier de « retenue » est attesté par cette citation du début du XVIIIe siècle concernant un terroir à Saint-Martin-de-Castillon en Vaucluse : « [nous] avons vu aussi un gros et moyen fossé du costé du couchant estant besoin d’y faire de bonnes restanques ».
A la différence du mur de soutènement, qui est à un seul parement, la restanque est à deux parements. Elle ne devient mur de soutènement que lorsque le colluvionnement en arrière du mur a abouti à la constitution d’une terrasse.
L’idée à retenir est que l’agriculteur provençal s’est attaché non seulement à aménager en terrasses les versants de collines mais aussi à combler les ravins (provoqués par les déboisements).
Aujourd’hui, sous l’influence d’une littérature touristique peu soucieuse d’exactitude, le terme a pris le sens de muret de soutènement en pierres sèches construit sur un flanc de colline plus ou moins escarpé pour établir une terrasse de culture.
Les restanques se sont généralisées en Provence à partir de la fin du XVIIIe siècle avec la conquête des terres incultes suscitée par l’accroissement démographique, l’introduction du murier (pour le ver à soie) ; leur construction se poursuivra durant la première moitié du XIXe siècle avec le partage des biens communaux.
Elles ont été aussi un moyen de lutte efficace contre l’érosion provoquée par les déboisements importants des siècles précédents.
Dans le sud-ouest de la France, on les appelle restanques, ou faissa, bancaous ou encore oullières.(en provence, ce sont les restanques, uniquement). La diversité des noms traduit bien à quel point leur construction était courante, il y a quelques décades à peine.
La restanque est un mur en pierre sèche élevé sans mortier et sans liant. Encore qu’aujourd’hui le mot en vient aussi bien à signifier le mur lui-même que la surface plane qu’il a, à l’occasion, permis de créer. En effet, son premier usage était, à l’aide des cailloux trouvés sur une surface en pente, de créer un terrain plat, terrasse ou palier, pour en permettre l’exploitation agricole. Par exemple, à Camp-Fournier : en dessous de la route quelques petites restanques car le terrain est très peu pentu : par contre au dessus de la route, des restanques plus hautes car le terrain est escarpé. Le même mode constructif était également utilisé, les pierres ne manquant pas, pour délimiter les propriétés. Ce fut même partout dans le monde l’un des tous premiers modes constructifs utilisés là où la caillasse parsemait les sols en abondance. La pierre de Grimaud (le tuf) a été très largement mise à contribution et les réserves s’épuisent dans notre village (et pourtant il faudra en trouver pour le lotissement de Beauvezet).
Aujourd’hui, l’aspect utilitaire a été remplacé par l’aspect culturel et la restanque est en train petit à petit de faire un grand retour, en tant qu’élément de décoration cette fois. "On nous appelle pour deux raisons : la rénovation quand il s’agit de reconstituer des restanques écroulées et la création quand il s’agit cette fois, pour des motifs de décoration et d’aménagement de parcs et jardins, de créer de toutes pièces de nouvelles restanques", explique un artisan paysagiste qui travaille beaucoup au domaine de Saint-Pierre.
De fait, loin de sa connotation rurale (de vieux paysans savent encore reconstruire leurs propres restanques sans s’apercevoir qu’ils possèdent un savoir-faire immémorial), le cachet d’une restanque est aujourd’hui associé à l’idée d’aménagement haut de gamme. Pourtant, la méthode de construction reste artisanale, sans doute peu différente de celle des siècles passés.
Trois types de pierre sont nécessaires. Les pierres de façade qui pèsent jusqu’à 35kg sont retaillées au burin afin qu’elles soient le plus rectangulaire possible, les pierres de blocage qui permettent de maintenir en place les pierres de façade et le ballast, des petites pierres de la taille d’un poing qui permettent de retenir la terre et l’empêcher de s’immiscer dans le mur. Ainsi, pour un mètre carré de pierre de façade, il faut compter un mètre cube de pierre.
Outre son aspect décoratif, les avantages d’un mur en restanque sont nombreux. Aucun risque de craquement ou de fissure ou de rétention d’humidité puisqu’un tel mur est comme un drain continu qui n’empêche pas l’écoulement d’eau. Il laisse par ailleurs passer les racines et ne se déformera pas à cause des racines de la végétation (attention tout de même de ne pas planter un platane à trois mètres du mur).
De plus, sa durabilité est à toute épreuve comme en témoignent les nombreuses restanques encore en place, malgré le défaut d’entretien. "Une fois terminé, c’est parti pour 100 ans et plus", s’amusait mon pépé Auguste. A Tourtour, les deux grands spécialistes des murs en pierre ont été Gaëtan Mazzoleni et Jean-Marc Simon et il est bien dommage que la relève n’ait pas été assurée car le patrimoine local va commencer à en ressentir durement les effets.
Le seul frein à un réel (re)démarrage des restanques est son coût. En effet, non seulement les artisans spécialisés sont rares mais, outre le prix de la pierre, c’est un travail qui demande beaucoup de main d’oeuvre. D’autant qu’on ne facture pas la rénovation comme la création. La première se facture au temps passé (330 euros environ la journée pour le travail de deux personnes) tandis que la création, dont on peut plus précisément prévoir le déroulement, se calcule au m2 (environ 80 euros le m2) .Cela reste donc encore un produit haut de gamme qui deviendra plus accessible si la demande se développe. (Il est sûr que si les japonais viennent en nombre dans la région, ils seront ravis de participer à la conservation du patrimoine des restanques).