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| lundi 28 février 2011Pierre Boulez , musicien
Certains artistes aiment se "ressourcer" et Dieu sait qu’ils en ont largement l’occasion dans notre village qui compte effectivement plusieurs sources (d’eau fraîche et aussi ...d’inspirations). Pierre Boulez, un des monuments de la musique du XXème siècle, fait partie des célébrissimes personnages de Tourtour qui ne sont pas tous les jours sur la place des Ormeaux ou dans les ruelles car ils restent tranquillement dans le cadre idyllique de leur maison autour du village. Dans le cas de Pierre Boulez, l’espace champêtre qu’il fréquentait se situait dans le quartier des Mandins, sur le côté sud de la "route des 7 km".
Ce musicien mondialement apprécié n’a pas toujours connu les faveurs de son propre pays et cela le rapproche du cas d’un autre artiste ayant séjourné à Tourtour, le peintre Bernard Buffet qui reste bien plus connu à l’étranger (au Japon en particulier) que dans l’hexagone . Essayons de découvrir un peu ce génie de la musique moderne, artiste novateur et révolutionnaire.
S’il est essentiellement connu pour ses activités de compositeur, Pierre Boulez est un artiste comptant plus d’une corde à son arc. Théoricien de la musicologie, compositeur et pédagogue, l’auteur de "Penser la musique" a conduit les orchestres les plus prestigieux au monde, de New York à Bayreuth.
L’ancien disciple d’Olivier Messiaen, devenu lui-même maître à son tour a connu une carrière internationale, parfois contrainte sous la pression politique car l’homme n’est pas du genre à avoir sa langue dans sa poche. Soixante années d’une carrière bien remplie à réinventer Mahler, Debussy ou Bartok, à collaborer avec Frank Zappa ou diriger plusieurs Instituts d’études et de recherches prestigieux : Pierre Boulez est un géant de son temps. Le dernier, peut-être.
Né à Montbrison, dans la Loire, en 1925, Pierre Boulez s’oriente tout d’abord vers une carrière scientifique avant que sa passion naturelle pour le piano (qu’il pratique depuis sa prime jeunesse) ne l’amène au Conservatoire de Paris en lieu et place de l’Ecole Polytechnique qu’il avait initialement choisie. Étudiant sous la direction d’Olivier Messaien et René Leibowitz (avec lequel il se brouille), il finit lauréat du Conservatoire alors que l’Occupation s’achève. Sans autre travail que celui de compositeur, Boulez écrit quelques sonates, cantates et sonatines qui reçoivent un bon accueil de la part de la profession. C’est surtout sa « 2e sonate pour piano », en 1948, qui le fait remarquer et lui permet d’obtenir la direction musicale du Théâtre Marigny et de la compagnie Renaud-Barrault.
Surréalisme sérialiste :
En 1953, il prend la direction des Concerts du Petit Marigny qu’il transforme en Domaine Musical, laboratoire d’idée sur la musique dodécaphonique en plus d’être un vivier de jeunes talents. Essentiellement Chef d’orchestre et théoricien, il n’en compose pas moins quelques exercices musicaux d’un certain classicisme (« Le Marteau sans maître », « Le visage nuptial »...) mais qui frôlent parfois la musique concrète développée par Pierre Schaeffer, à l’image de « Poésie pour pouvoir - pour récitant, orchestre et bande magnétique ». Peu conventionnel dans sa manière d’écrire et de concevoir la musique, Boulez est l’un des ardents défenseurs d’une certaine forme de sérialisme, laissant à l’interprète le choix de jouer - ou pas - certains morceaux d’une partition. Quant à son inspiration, elle se trouve du côté des poètes surréalistes comme René Char ou Henri Michaux
qu’il met à plusieurs reprises en musique, marquant là une jonction entre le style surréaliste et le sérialisme symphonique.
L’IRCAM :
S’il continue à enseigner et à mener les orchestres du Petit Marigny, il s’installe sur le sol allemand en 1958, à Baden-Baden et accepte une place d’enseignant à l’Académie de Musique de Bâle, en Suisse. Darmstadt et Harvard font également appel à ses dons de conférencier et de pédagogue dans les années qui suivent. Compositeur doué, Boulez n’en est pas moins non plus un homme de son temps, concevant la musique non seulement comme un objet artistique, mais également comme un domaine relevant du social et du politique. S’il devient l’une des bêtes noires d’André Malraux, il est, en revanche, dans les petits papiers du Président Pompidou qui lui laisse Carte Blanche pour créer l’Institut de Recherche et de Coopération Acoustique/Musique (IRCAM) institut à la fois artistique et technique, étudiant la musique et le son sous différentes approches culturelles et scientifiques.
La renommée de Boulez est telle qu’ en 1966, c’est à la demande de l’héritière Wagner qu’il dirige l’oeuvre Parsifal à Bayreuth . S’il est régulièrement appelé à diriger les orchestres philharmoniques les plus prestigieux (Cleveland, New York, Bayreuth, Baden-Baden...), il n’est guère prophète en son pays car certaines officines gaullistes encore influentes au confluent des années Giscard le tiennent éloigné des plus grands orchestres français. Si la volonté expresse de George Pompidou, puis de sa veuve, le maintient à la tête de l’IRCAM envers et contre tout, il n’est guère appelé à de hautes fonctions artistiques.
Cela ne l’empêche pas de continuer ses expérimentations musicales particulières comme « Rituel in memoriam Bruno Maderna » ou « Messagesquisse » lorsqu’il ne se plonge pas dans le patrimoine de Mahler (son idole), de Stravinski ou même de Stockhausen, assumant ainsi son engagement dans un mouvement proche de celui de la musique concrète.
La réhabilitation
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Avec l’arrivée au pouvoir de VGE et la redistribution des cartes qui s’ensuit, Boulez revient en grâce à Paris et nulle part ailleurs qu’au Collège de France où il est sollicité pour donner ses « leçons de musique » dont seront tirés plusieurs ouvrages. Le passage des années voit Boulez continuer à conduire des orchestres et interpréter les oeuvres de Bartok, Schoenberg, Wagner, Debussy, Ravel... l’esprit sautillant de Boulez ne se contente pas de diriger des philharmoniques, mais participe parfois à des projets moins conventionnels en association, par exemple, avec Frank Zappa en 1984. À l’époque, Rock & Folk titre : « Pierre Zappa déteste le rock. Frank Boulez aussi et ils le prouvent ».
Ci-dessous, partition Boulez de l’oeuvre "Réponses" jouée à l’Ircam en 1984.
Juste un petit détail : en pensant à ce génial musicien qu’est Boulez, on en arrive à se souvenir que notre équipe des élus de la mairie avait parlé en 2009 (en conseil minicipal) de la création d’une école municipale de musique : il serait peut-être temps d’en reparler (ou de nous informer que l’idée est abandonnée) mais il est vrai que ce n’est pas la première fois que les effets d’annonces ne sont pas suivis ....d’effets !!
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