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| jeudi 21 février 2013Théodore Aubanel, (Teoudor Aubanèu)
fondateur du Félibrige .
Parmi les écrivains provençaux il n’est sûrement pas le plus connu et cela peut donc être une bonne raison pour présenter ce personnage qui a beaucoup oeuvré pour la reconnaissance de notre langue .
Un petit rappel : le site " Tourtour, notre village" n’a pas pour objectif unique de tirer des costards au golden boy qui siège au château communal . Bien évidemment, les remarques faites sur la gestion communale ou les critiques émises sur l’action du maire Pierre Jugy constituent des chapitres de la vie quotidienne du village qui se doivent d’être commentés : cela étant, de nombreux autres sujets sont abordés et il serait bien réducteur de ne considérer le site que comme une tribune anti-Jugy . Il est clair que quelques esprits chagrins et rancuniers veulent ignorer le reste du site en affirmant que la priorité visée est seulement de dézinguer le maire : c’est faux ! et même si je me régale de souligner les fanfaronnades du "Jugy no jugeote" (et de les conserver sur disque dur !), il n’en reste pas moins qu’heureusement de nombreux articles parlent d’autre chose que du seul bonhomme qui se dit "sans étiquette" mais qui se gargarise dans Var-Matin en voyant une montée du "jugysme" . En lisant de telles choses, j’ai effectivement beaucoup de mal à ne pas réagir !!!....
Pour en revenir à notre langue provençale, voilà quelques mots sur un grand écrivain :
Théodore Aubanel (né le 26 mars 1829 à Avignon, mort le 2 novembre 1886 à Avignon) est un imprimeur et poète d’expression provençale. Son nom en provençal est Teoudor Aubanèu.
Né dans une famille d’imprimeurs (imprimeurs « de Sa Sainteté le Pape et de l’Archevêque d’Avignon » au XVIIIe siècle quand Avignon était encore une partie des États de l’Église), Théodore Aubanel fait ses études chez les pères à Aix-en-Provence avant de revenir travailler dans l’imprimerie familiale. Très catholique, comme toute sa famille, il suit les réunions de la Société de la Foi où il rencontre Joseph Roumanille. Celui-ci lui fait rencontrer ses amis Frédéric Mistral et Anselme Mathieu. Tous se retrouvent au château de Font-Ségugne pour créer vers et chansons.
C’est là qu’Aubanel rencontre en 1850 Jenny Manivet, dite Zani. Amoureux tous les deux, les jeunes gens n’arrivent pas à s’avouer leur flamme et en 1854, la jeune fille entre au couvent des Filles de la Charité. C’est l’année où les amis de Font-Ségugne fondent le Félibrige dont Aubanel sera le poète le plus profond et le plus désespéré. En 1860, il publie La mióugrano entre duberto (La miugrana entreduberta, La grenade entr’ouverte) qui reçoit un accueil enthousiaste du monde littéraire et où il chante son amour pour Zani. Mais l’ouvrage est mis à l’index par les catholiques avignonais dont il se sent si proche et met en danger l’imprimerie familiale très liée à l’archevêché d’Avignon. Marié en 1861, il retrouve un certain bonheur de vivre mais ne publie plus toutes ses œuvres. Il entretiendra une relation suivie avec Mallarmé quand celui sera professeur d’anglais au lycée de Tournon et continuera à correspondre avec lui.
Des malentendus avec Roumanille en 1878, au moment où le Félibrige est accusé de séparatisme par certains journaux, l’éloignent du mouvement à partir de 1880. C’est la sortie confidentielle en 1885 d’un autre recueil, ouvertement sensuel, Li fiho d’Avignoun (Li filhas d’Avinhon, Les filles d’Avignon) qui précipite sa fin : il est violemment attaqué par le milieu dévôt et blâmé par l’archevêque.
Il meurt d’une crise d’apoplexie en octobre 1886. Il est enterré au cimetière Saint Véran d’Avignon.
L’oeuvre d’Aubanel :
Avec Roumanille et Mistral, Aubanel est l’un des trois piliers du Félibrige. Aux deux recueils de poésies publiés de son vivant, La mióugrano entre duberto et Li fiho d’Avignoun, il faut ajouter un drame en vers, Lou pan dòu pecat (Lo pan dòu pecat, Le pain du péché), joué en 1878, ainsi que des ouvrages posthumes comme le recueil de poésies Lou Rèire-Soulèu (Lo Rèire-Soleu, Le soleil d’outre-tombe) publié en 1899 et deux drames : Lou raubatòri (Lo raubatòri, Le rapt) publié en 1928 et Lou pastre (Lo pastre, Le pâtre) publié en 1947 .
Les œuvres complètes d’Aubanel ont été éditées par la maison Aubanel à Avignon de 1960 à 1963.
Un poème provençal :
Sis iue d’enfant, founs e verdau,
Si grands iue pur vous dison : Dau !
Un pau risènto, un pau mouqueto ;
Tèndri, se duerbon si bouqueto ;
Si dènt, pu blanco que lou la,
Brihon.... Chut ! qu’arribo : vès-la !
Tout-just s’a quinge an, la chatouno.
Passes plus, que me fas mouri,
O laisso-me te devouri
De poutouno !
Arrage, soun péu negrinèu
S’estroupo à trenello, en anèu ;
Un velout cremesin l’estaco ;
Fouita dóu vènt, de rouge taco
Sa caro bruno e soun còu nus :
Dirias qu’es lou sang de Venus,
Aquéu riban de la chatouno.
Passes plus, que me fas mouri,
O laisso-me te devouri
De poutouno !
Oh ! quau me levara la set
De la chato ? ... A ges de courset :
Sa raubo, fièro e sèns ple, molo
Soun jouine sen que noun tremolo
Quand marcho, mai s’arredounis
Tant ferme, que subran fernis
Voste cor davans la chatouno.
Passes plus, que me fas mouri,
O laisso-me te devouri
De poutouno !
Début de « La Venus d’Avignoun », premier poème du recueil Li Fiho d’Avignoun.
La traduction du poème :
(Ses yeux d’enfant, profonds et verts, ses grands yeux purs vous disent : Va ! Un peu souriantes, un peu boudeuses, tendres, ses lèvres s’entr’ouvrent ; ses dents, plus blanches que le lait, brillent.... Chut ! elle arrive : Voyez-la ! Elle a quinze ans à peine, la jeune fille.
Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te dévorer de baisers !
Vagabonde, sa chevelure noire se retrousse en torsades, en boucles ; un velours cramoisi l’attache ; fouetté par le vent, il tache de rouge son visage brun et son cou nu ; on dirait le sang de Vénus, ce ruban de la jeune fille.
Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te dévorer de baisers !
Oh ! qui m’ôtera la soif de la jeune fille ? ... Elle n’a point de corset : sa robe, fière et sans plis, moule son jeune sein qui ne tremble pas quand elle marche, mais s’arrondit si ferme, que soudain frémit votre cœur devant la jeune fille.
Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te dévorer de baisers !)
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