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| vendredi 4 janvier 2013Joseph d’Arbaud,
poète provençal et félibre .
Joseph d’Arbaud n’est pas le plus connu des écrivains provençaux mais son action dans le cadre du Félibrige mérite un hommage ...
Il serait dommage qu’un citoyen de Provence haut-varoise ne connaisse pas ce personnage important de la culture de notre région .
Joseph d’Arbaud (Jóusè d’Arbaud selon la norme mistralienne - Josèp d’Arbaud selon la norme classique ; Meyrargues, 4 octobre 1874-Aix-en-Provence, 2 mars 1950) était un poète provençal d’expression occitane et un félibre. Aristocrate, proche de Folco de Baroncelli-Javon, gardian lui-même, il est l’auteur du roman La Bête du Vaccarès (la Bèstio dóu Vacarés - en norme mistralienne - La Bèstia dau Vacarés - en norme classique).
Joseph d’Arbaud naît dans la propriété familiale à Meyrargues, dans une famille aisée. Il est le fils de Philippe d’Arbaud et de Marie-Louise Valère-Martin (également féblibresse et écrivaine provençale de langue d’oc). Élevé dans l’amour de la langue provençale et de l’Histoire, il voue un profond respect à Frédéric Mistral, le chantre de la littérature provençale. Marie d’Arbaud, sa mère, est l’auteur d’un recueil de poèmes en provençal publié sous le nom de Lis Amouro de ribas (« Les Mûres des talus »).
À l’âge de 10 ans, il part étudier chez les jésuites à Avignon, puis fait des études de droit à Aix-en-Provence. Après quelques années mondaines parmi les jeunes écrivains aixois, dont Joachim Gasquet, il part en Camargue et devint manadier, à l’image de son cousin éloigné Folco de Baroncelli-Javon, quelques années plus tôt. Pour Jacques Blais (1984), ce faisant, d’Arbaud répond « au besoin d’éprouver pour son compte le sentiment de grandeur que dégagent ces régions austères ».
Il a pour égérie Marguerite de Baroncelli-Javon (sœur du célèbre manadier, écrivain et fervent défenseur de l’âme provençale Folco de Baroncelli-Javon et du cinéaste Jacques de Baroncelli, qui fut reine du Félibrige de 1906 à 1913 sous le capoulierat (la présidence) de Mistral et épousa en 1914 le peintre post-impressionniste Georges Dufrénoy. En 1918, il devient majoral du Félibrige (Cigalo di Jardin) et dirige la revue Le Feu.
Il meurt à Aix-en-Provence en 1950 après avoir épousé en 1946 Yvonne Recours, de Barjols (Var). C’est du reste dans cette localité qu’il est inhumé dans un tombeau rappelant les sarcophages des Alyscamps d’Arles.
Le nom de Joseph d’Arbaud a été donné à un grand nombre de rues et plusieurs lycées et collèges portent son nom (Salon, Cavaillon, Barjols).
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La Bèstio dóu Vaccarés (« La Bête du Vaccarès »),
Ci-dessous, les premières lignes de l’ouvrage, en langue provençale classique . Essayez de le lire en y mettant un peu d’accent mais ne soyez pas étonné si le vocabulaire ne vous est guère familier ... En effet, il s’agit de la langue provençale "littéraire" qui ne correspond pas du tout (ou très très peu..) avec le patois provençal que l’on peut entendre à Tourtour . Dans notre village, si vous donnez ce texte à ceux (bien rares de nos jours) qui parlent "provençal", aucun ne pourra vous dire la traduction du dixième du texte (et encore !..).
Malgré tout, il est important que nous sachions reconnaître quelques éléments lexicaux de ces auteurs provençaux anciens .
" Au Noum dóu Paire e dóu Fiéu e dóu Sant Esperit. Au Noum de Nosto-Damo-de-la-Mar e de nòsti Santo. Vuei, lou vounge dóu mes d’Abriéu e Sant Dimenche de Pasco, en l’an 1417, iéu, Jaume Roubaud, pèr moun faus-noum lou Grela, baile-gardian de la manado de biòu sóuvage batènt li rode di Malagroi, lis Emperiau e lou Riege, ai coumença d’escriéure aquest cartabèu.
En ço fasènt, ai vougu marca proumieramen, à la coumençanço d’aquesto pajo, lou Sant Signe de la Crous, simbèu de ma Redemcioun, qu’ansin entènde afourti pèr tau biais soulenne, sus ma part de paradis e moun sauvamen eterne, la claro e pleno verita de tout ço qu’eici dintre, iéu recate e de tout ço que, pièi, me ié faudra, belèu, recata.
Ço qu’ai vist, à l’ouro d’aro, emai ausi, estènt pèr iéu l’encauso de reboulimen emai de pensamen fèbre-countùnio e me vesènt que trop dins l’impoussible d’esclargi pèr biais naturau tàlis endevenènço, vole marca moun escri pèr un sagèu d’entre-signe indubitable, segur en estènt que, pièi, un jour, qu’aucun de mai capable saupra faire proufié d’escasènço tant espantouso."