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| lundi 28 novembre 2011 | Mis à jour le dimanche 27 novembre 2011
La chasse de la grive au vol à Tourtour .
Durant deux mois et demi, je me suis régalé à participer à la construction d’une volière au village, juste sous le lavoir, dans un cabanon en ruines qui avait abrité autrefois un cochonnier puis un poulailler : deux chasseurs de grives - Yves "Gaby" et Fabrice - ont réalisé une belle volière et nous ferons un article au printemps pour la présenter en détail : d’ici-là, les plantations auront poussé et les grives seront plus à l’aise ... C’est pour cela que trois ou quatre autres articles sortiront sur la grive car ce petit oiseau est un symbloe de la chasse provençale mais aussi des recettes culinaires de notre Haut-Var.
Le tir au vol de la grive est tout de même un peu spécial et il n’est pas le plus aisé .
Un détail : je ne suis pas chasseur (ni de grives, ni de sanglier, ni de biche, ni de primes) et cet article n’est que le résultat de recherches et de questions à de vrais chasseurs de grives (Fabrice, Gaby, André, Alexandre "Robert des vaches"...) ainsi que quelques souvenirs quand j’accompagnais mon père Jules à " la retirée "...
Le vrai chasseur, le passionné, celui qui n’est pas le viandard ne cherchant qu’ à remplir ses congélateurs avant de fournir des restaurants locaux, ce chasseur-là aime la chasse à la grive et au petit gibier (bécasse, perdreau..)
Un principe de base tout d’abord : il est toujours préférable de tirer les deux yeux ouverts, et même de ne pas chercher la ligne de mire. En agissant ainsi, on ne perd jamais de vue le gibier, ce qui est un avantage énorme.
Si au contraire on vise, la grive est cachée par les canons du fusil, et si on la dégage, on tire trop bas.
Certains tirent en prenant de la bande pour faire porter le coup plus haut que le point visé, mais cela produit des écarts, surtout sur une grive dont le vol n’est pas rectiligne.
Or la grive crochète tantôt dans le sens vertical, tantôt dans le sens horizontal. Ses crochets sont moins prononcés que ceux de la bécassine, mais ils sont assez forts et subtils pour la faire manquer.
Il est donc essentiel de « jeter » son coup de fusil.
Pour la grive qui se lève, comme pour celle qui passe, il y a un instant important que seule la pratique permet de saisir sûrement, et on le fait bien mieux en gardant les deux yeux ouverts. Celui qui ne vise pas est en général un tireur rapide, c’est-à-dire brillant. Conséquence évidente de ce qui précède, il ne faut jamais suivre la cible avec le bout des canons. Ceci et mieux qu’un conseil de tir, c’est un devoir de prudence. Quand on suit, on perd absolument la notion du danger. On ne voit plus que le gibier, même s’il est en ligne avec un compagnon de chasse, ce qui peut provoquer les plus graves accidents : les deux yeux ouverts sont donc une mesure de sécurité obligatoire qui doit être prise en compte par tout chasseur.
« Tirer haut et devant » devrait être la devise de tous les chasseurs.
On pourrait presque dire seulement : tirer devant, car tirer haut n’est que la manière de tirer devant l’oiseau qui monte ou qui s’éloigne.
Ce principe est applicable à tous les coups, sauf à celui où la grive arrive et file droit devant le fusil suivant une ligne parfaitement horizontale.
Voici les différentes manières de tirer grives et merles selon la façon dont ils se présentent au chasseur :
- Cas N°1 : Si une grive arrive droit en suivant la ligne horizontale, c’est-à-dire à la hauteur des yeux du chasseur, il suffit de tirer l’oiseau en plein et assez prêt pour le tuer net. Il faut donc patienter et ne pas tirer trop vite, ce qui peut signifier trop loin (et la grive changerait de direction).
- Cas N°2 : La grive s’éloigne du chasseur en suivant l’horizon. Il faut la couvrir et relever légèrement le coup à mesure que la distance augmente. C’est essentiel avec la grive qui, le plus souvent, tend à s’élever par saccades plus ou moins prononcées, de sorte que, si on tire en plein, on a des chances d’envoyer la charge trop bas, juste au moment d’un brusque déplacement de l’oiseau en hauteur. Avec le merle, cet inconvénient n’est pas aussi marqué, car les saccades verticales sont moindres. La difficulté du tir à la grive explique aussi la passion que nourrissent des chasseurs pour ce type de chasse : on ne peut pas nier non plus qu’une bonne brochette de chachas à la cheminée, ça donne des motivations supplémentaires ... Et au moment de viser, quand on pense à la tranche de pain rôti avec les "entrailles" de l’oiseau un peu faisandées, nul doute que la précision est meilleure ...
- Cas N°3 : Si la grive ou le merle s’éloigne en rasant le sol, il faudra tirer au dessus. L’habitude de conserver les deux yeux ouverts et de ne pas chercher la ligne de mire facilite singulièrement ce coup. Pour essayer, vous pouvez mimer les gestes avec une branche !...
- Cas N°4 : Si la grive arrive sur le chasseur au-dessus de l’horizontale, il faut la tirer devant et d’autant plus devant qu’elle est rapproché. Dans ce cas, la précision est difficile pour ceux qui visent car l’oiseau est masqué par les canons du fusil. Généralement, on a tendance à dégager la pièce ou à tirer en plein et les plombs passent derrière. Ce coup est le triomphe du tireur rapide.
- Cas N°5 : La grive vient sur le chasseur au ras du sol ou plus bas que l’horizon. C’est un coup assez dangereux. Il se présente surtout lorsque le chasseur domine une vallée ou un ravin. Dans ce cas, il faut tirer au-dessous pour que l’oiseau « entre dans le coup ».
- Cas N°6 : La grive passe au-dessus du chasseur ; il faut la dégager complètement et tirer plus ou moins en avant, c’est-à-dire plus ou moins dessous, selon sa distance et sa vitesse.
- Cas N°7 : Sur une grive qui monte rapidement, tirez très au-dessus. Ce coup, fréquent sur les faisans et les canards, se présente quelquefois avec les grives. Celles-ci, ayant aperçu les chasseurs, cherchent à s’élever, bec dans le vent, et montent suivant une ligne qui tend à se rapprocher de la verticale.
- Cas N°8 : Certains chasseurs attendent que la grive passe juste au-dessus de leur tête pour tirer (coup du roi). Pour réussir ce tir, il faut se pencher en arrière, légèrement au-delà de la verticale, le poids du corps porté sur la jambe droite (pour un droitier) et on tire dès que l’oiseau atteint la perpendiculaire.
Le tir au vol (qui n’a rien à voir avec le vol à la tire ...) réclame évidemment une pratique assidue, un entraînement régulier afin d’acquérir un fond technique de qualité : cela étant, un tireur adroit a des qualités innées que le commun des chasseurs n’aura jamais . On peut comparer cela avec l’adresse du joueur de pétanque qui a du gaoùbi de nature (mais qui doit malgré tout entretenir ses compétences !). A Tourtour, on connaît les bons tireurs , les bons pointeurs mais l’on voit aussi des joueurs qui ne seront jamais sur le haut du podium car ils n’ont pas reçu -hélas- le sens inné du joueur adroit ...
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Je suis en train de m’apercevoir (il est temps puisque ce sont les dernières lignes ...) que des lecteurs qui ne chassent pas, qui n’aiment pas les ,grives , qui n’aiment pas les armes à feu... auront eu du mal à lire cet article jusqu’au bout ! S’ils sont arrivés jusque là, je me prosterne à leurs genoux ... Et pour les autres , je reste debout pour leur adresser mes sincères amitiés ...
Au fait, pour la grive, c’est comme pour une élection,... il faut viser juste et garder les yeux bien ouverts !!!