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Les " poisseux " sont-ils encore à Tourtour ?......

 

 

 Tourtour , 

 les " poisseux " sont-ils encore là ?....

Les habitants des villages ruraux ont souvent des sobriquets qui leur sont attribués par leurs voisins pour se moquer d’eux, pour se comparer à eux et établir ainsi une hiérarchie subjective. Parfois, le surnom des habitants correspond pourtant à une réalité qui est dépeinte en se référant au passé du village, au patrimoine local, à une tradition séculaire : dans ce cas-là, le sobriquet est donné avec une base historique ou culturelle et la notion de moquerie est absente.

Ces jours-ci, un article de Var-Matin a abordé cette question et le texte ci-dessous nous parle des villages varois et leurs sobriquets pour les habitants : on y "apprend" donc que les tourtourains sont appelés « les poisseux » ….

Publié le

Seize ans de traque de sobriquets des Provenç - 22263170.jpg
Yvon Bouffier a mis seize ans pour écrire Mémoire des villes et villages de Provence .J.- M. D.

C’est un baroudeur de mémoire.
Yvon Bouffier aura mis seize ans à enquêter sur le terrain, dans les moindres recoins de la Provence, pour réunir dans son livre,Mémoire des villes et villages de Provence,plus de cinq cents communes dont les habitants sont affublés, la plupart du temps depuis le XVIe siècle, de sobriquets pas toujours flatteurs.

Toulonnais mangeurs de poulpes

C’est ainsi que les Dracénois étaient « les fouettés » car les pendus y étaient battus par le vent, les malheureux Toulonnais étant quant à eux baptisés « les vomisseurs de poulpes » car la consommation excessive de ces mollusques marins les rendait souvent malades... À Pégomas, on parlait des « ventres mous » à cause des périodes de misère et de restrictions.

Yvon Bouffier habite au Luc où il coule des jours heureux mais... très actifs ! Ce passionné d’histoire, qui a déjà plusieurs autres ouvrages sur le feu (dont un sur la naissance du village des Mayons), est un membre éminent de la très indispensable société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan, dont il est, à plus de 70 ans, un maillon dynamique et... le doyen.

Pendant des années, ce Lucois, qui a fréquenté et sympathisé avec l’écrivain Pierre Magnan ou Marie Mauron, a arpenté le territoire à la recherche de ces sobriquets. « Je suis allé systématiquement sur le terrain, ma méthode de travail était simple mais parfois ardue : je recherchais les anciens du village et j’allais les interroger. Comme je parle provençal, l’abord était généralement facilité ! N’empêche, un jour, je me suis trouvé face au canon d’un fusil tenu par un papy qui me menaçait en me disant"Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu fais chez moi ?"Ça s’est bien terminé, autour d’un verre, chez lui... »

En enquêteur sérieux, dès qu’il consignait un sobriquet sur des villageois, il allait recouper son information auprès des anciens des villages voisins. « Le plus difficile, ce n’était pas de passer mes journées sur les routes, mais de trouver sur place, ces anciens, cette mémoire de notre terroir. »

Son ouvrage indique les sobriquets en provençal, avec la traduction en français et l’origine du surnom. Les personnes ayant révélé les surnoms sont également citées.

Un homme qui n’a pas de passé, n’a pas d’avenir.

« Vous savez, certains sobriquets sont toujours en vigueur dans certains villages, même s’ils datent de plusieurs siècles et les villageois qui les connaissent prennent parfois encore très mal qu’on les appelle par leurs surnoms ! » Yvon Bouffier a fait sienne la devise : « Un homme qui ignore son passé n’a pas d’avenir. »

Allez, une petite dernière pour la route : savez-vous pourquoi on appelait les habitants de Fréjus « les visages blancs » ? Parce que les marécages, jusqu’à la fin du Moyen-Âge, rendaient la ville insalubre et les locaux avaient le teint blafard. On les surnommait parfois aussi « les mangeurs de bon dieu », car Fréjus était un évêché... 


Petit florilège des appellations du Var :

Aiguines  : « Les Sorciers » Le surnom remonte au Moyen-Âge. Une femme y pratiquait la « magie », soignait avec des plantes et obtenait des miracles.
Artignosc et Bargemon : « Les Mangeurs de sang » Chaque famille y élevait autrefois un cochon et les villageois s’étaient spécialisés dans la fabrication du boudin.
Callas  : « Les grosses oreilles » Dans le village à flanc de coteau, les ânes sortaient souvent la tête des écuries et vus du côté plaine, les visiteurs s’exclamaient : « T’as vu, les gens ont de grandes oreilles ! »
Brignoles : « Ceux qui ont la chandelle » Depuis le Moyen-Âge, la ville est réputée pour ses fabriques de chandelles. Le nom de « Candeloun » était d’ailleurs donné au clocher qui domine Brignoles.
Draguignan  : « Les Fouettés » Au XVIe siècle, les condamnés à mort, pendus, étaient agités et fouettés par le vent, d’abord au quartier des Selves puis, dès 1615, sur la place du marché actuel.
Bormes-les-Mimosas  : « Les brûle-pieds » Dans cette commune, composée de hameaux isolés, les riches paysans étaient attaqués par les brigands qui leur brûlaient la plante des pieds pour leur faire avouer où était caché leur magot.
Les Arcs-sur-Argens : « Les Casseurs » Depuis la fin du XVe siècle, les rivalités étaient fortes entre les villageois des Arcs, de La Motte, de Trans, de Taradeau... Les jeunes Arcois avaient la réputation d’être souvent à l’origine des bagarres.
Collobrières : « Ils ont la mousse » Le village est bâti au nord dans un vallon au bord de la rivière du Réal Collobrier.Le soleil y est rare et l’ombre tenace fait apparaître la mousse sur le mur des maisons.
Montauroux : « Les Meurtris » Le village, bâti sur un promontoire, voyait souvent les habitants transporter les outils et travaux des champs à pied. Leur sobriquet était lié à leurs dures conditions de vie.
Salernes : « Les mangeurs de haricots sans huile » Les seigneurs obligeaient à vendre une grande partie de la production d’huile et souvent, ici, on devait manger ses haricots sans huile.
Saint-Tropez : « Les mangeurs de daube » Le port servait d’embarquement du liège exploité dans les Maures pour faire des bouchons dans le monde entier. Les dockers préparaient une daube provençale qu’ils laissaient mariner toute la journée et qu’ils appréciaient le soir après leur dur labeur.
Tourtour : « Les Poisseux » La foudre tombait souvent sur le village. On disait que les habitants avaient la poisse. Le surnom peut provenir aussi du nougat fabriqué sur place, sur le marbre des commodes, que le sucre rendait poisseuses.
Trans-en-Provence : « Les Pisseurs de piquette » Autrefois, chacun cultivait ses vignes et buvait sa production. On l’additionnait d’eau, ce qui donnait une piquette.

Citons aussi quelques autres exemples varois : Bagnols-en-Forêt (« les Têtes de harengs »), à Bauduen (« les mange-choux »), à Correns (« les Pêcheurs de lune »), Gonfaron (« ils font voler les ânes »), La Londe-les-Maures (« les pots de chambre »), Le Luc (« les sauceurs de lampes à huile »), Ollioules (« les Mouillés »), Rougiers (« les Fainéants »), Signes (« les étrangleurs d’évêque »), Vins-sur-Caramy (« les têtes de travers »)...

Savoir+

Mémoire des villes et villages de Provence, par Yvon Bouffier, aux éditions de l’Envol. Le livre, paru en 2004, reste difficile à se procurer. On peut toutefois tenter sa chance sur Internet. L’ouvrage peut également être consulté gratuitement (mais non emprunté), à la société d’études scientifiques et archéologiques (21, allées d’Azémar à Draguignan).
(fin de l’article de Var-Matin, signé JM.D.) .

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Commentaires du site " Tourtour, notre village dans le ciel de Provence" :

** " les poisseux de Tourtour " : il ne nous viendra pas à l’idée de mettre en doute la sincérité de l’auteur de l’article ni celle de l’auteur du livre : par contre, il nous est largement autorisé d’émettre quelques réserves sur la véracité des affirmations émises ….
Un historien fait évidemment des recherches fouillées aux services locaux et départementaux des Archives, il fait des liens entre les documents étudiés et il réussit ensuite à donner des éléments précis pour étayer ses propos. On se souvient des deux livres qui ont traité de l’histoire de Tourtour, celui de Guy Désirat "Tourtour : monographie et vie quotidienne", ouvrage unanimement reconnu et celui d’André et Nicole Cabau " Chroniques d’un village du Haut-Var" : à au
cun moment les auteurs ne parlent du sobriquet « les poisseux » . Quand on parle avec les anciens du village de Tourtour, aucun d’eux n’a jamais entendu prononcé le surnom de « poisseux » pour qualifier les tourtourains .

** Lors de la dernière brocante du mois d’août à Tourtour, j’ai acheté deux petits livres intitulés « Traditions populaires de Provence » de Claude Seignolle (tome 1 « du berceau à la tombe » et tome 2 « les fêtes et les croyances »), éditions Maisonneuve et Larose, 1996. Je me suis mis très vite à feuilleter quelques chapitres et je suis tombé sur une vingtaine de pages qui traitent de ce même sujet des sobriquets pour les habitants varois : là encore, à aucun moment il n’est question des tourtourains traités de « poisseux » ! Et pourtant, l’auteur Claude Seignolle fait preuve d’une rigueur exemplaire dans son travail d’investigation historico-sociologique

**  Il serait néanmoins possible que ce sobriquet de « poisseux » soit récent et qu’il ait pu prendre sa source à l’occasion de l’accession au trône communal du nouveau maire : les « poisseux » seraient donc les tourtourains sous l’ère de Pierre Jugy ! Cette hypothèse est largement probable mais il serait illusoire de penser que tous les habitants du village puissent être qualifiés de « poisseux » depuis le règne de Sire Jugy 1er : quelques-uns ont vu – depuis mars 2008 -  leur avenir se dessiner sous de biens meilleurs auspices et certains n’ont donc  vraiment aucune raison d’être taxés d’avoir « eu la poisse », bien au contraire… Les autres sont - eux - les vrais « poisseux », ceux qui ont naïvement cru aux promesses du candidat sans-étiquette (mais qui est aujourd’hui encarté à l’UMP) et qui se retrouvent depuis plus de cinq ans avec une équipe municipale qui va n’avoir à présenter qu’un maigre bilan, plus que modeste dans ses réalisations, autant que dans ses projets !.. 

** A Ampus,(la commune n’est pas notée dans la liste), on appelle les habitants avec le surnom de "darnagas" et si nous cherchons l’explication, le mieux est d’aller se renseigner auprès de Rosette Goure qui anime un blog remarquable "le Toupin" que vous pouvez retrouver en allant sur le lien suivant :  villageampus83.blog.lemonde.fr/

Voilà l’explication donnée par Rosette :
Pourquoi les habitants d’Ampus sont-ils appelés DARNAGAS ?Je prie ceux qui le savent déjà de bien vouloir m’excuser , mais la question revient souvent de la part de nouveaux lecteurs. J’emprunte la réponse au livre de M. Faure "Ampus. Le conseil a délibéré" , page 149. Voici ce qu’il en dit :

"Le curé du village , l’abbé Doub , qui revenait de la chasse, fut interpellé par les gros bras qui comptaient les charrettes sur la place : - Alors Curé , avez-vous fait bonne chasse  ? en ajoutant , comme sujet de moquerie : croâ, croâ ! Le curé leur répondit : "Ai tua un counséié de la prefecturo e un Ampusian !Tenez, dit-il en sortant de sa poche un vieux geai, celui-ci , c’est le conseiller de la préfecture, et celui-là est l’Ampusian, précisa-t-il en montrant une pie-grièche (passereau à caractère hargneux et méchant qu’on appelle Darnaga). Prenez-le , je vous le donne  !" L’oreille basse , les gros bras partirent car , à cette époque, les fatigués de naissance étaient nombreux dans notre village et leurs épouses allaient volontiers au presbytère chercher des petits paquets que leur remettait gentiment monsieur le Curé. Cette histoire se raconta sur les champs de foire et c’est ainsi que les habitants d’Ampus devinrent ..les Darnagas."

9044laniusmeridionalis.1171709995.jpg Pie-grièche méridionale

Le Darnaga fut ensuite un journal local (dessin en début d’article et 1° couverture ci-dessous) , le nom donné à la pizzeria de M. et Mme Bertaina, le nom donné à plusieurs maisons (dont la mienne).

Pour nous, les "poisseux", cherchons encore notre sobriquet !...

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Mis à jour le jeudi 31 août 2023